Avec la régularité de métronome d'un Woody Allen, chaque année voit la sortie (confidentielle) en salles d'un nouveau Hong Sang-soo. Et pourquoi s'en priver quand on connait la délicatesse des ouvrages tournés par le cinéaste coréen avec un budget nettement inférieur à celui de la cantine dans un blockbuster hollywoodien ? Toutefois, comme Hong aime à toujours travailler sur les mêmes thèmes, soit les relations entre hommes et femmes, le risque est grand de le voir obligé de recycler des idées par nature non illimitées. Ce en quoi l'on se fourvoie car il y a dans chacun de ses films un angle nouveau, une illusion d'optique qui lui confère un air neuf même si la forme est quasi toujours la même c'est à dire de longues conversations assez souvent alcoolisées et des déambulations dans Séoul ou une ville de province. Yourself and Yours est a priori autant "banal' que ses prédécesseurs : une femme quitte un homme et ce dernier n'a de cesse de vouloir la regagner car elle est l'amour de sa vie. Dans le film, cette femme est insaisissable, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. C'est là où le génie tranquille de Hong est à l'ouvrage, des scènes simples de rencontres se transforment en petites épopées du quotidien, mystérieuses parce qu'elles ne sont pas ce qu'elles semblent être de prime abord (rêve, réalité parallèle ?). Mine de rien, une légère touche de fantastique imprègne Yoursel and Yours, là encore une constante chez le cinéaste, de même qu'un humour délicat. Même si pas entièrement convaincu, le spectateur ne pourra cependant rien, sinon admirer, dans l'installation d'un épilogue de toute beauté où apparait in fine le vrai thème du film et par conséquent la malice de son héroïne face à la nature pataude des hommes. Une façon singulière et amusante de dire que la femme est l'avenir de qui vous savez et la personne la plus intelligente du couple.

Cinephile-doux
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le 5 févr. 2017

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Cinéphile doux

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