Hospice power
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Il y a des films qui ne sont pas mal foutus, qui ont des idées intéressantes tant dans le fond ou dans la forme, mais avec lesquels on n'adhère pas par conflit d'opinion. C'est ce que j'ai ressenti devant Youth.
Pourtant, tout s'annonçait très bien. Déjà, le casting est excellent : Michael Caine et Harvey Keitel sont véritablement touchants dans leurs rôles de vieux artistes déchus. D'autres noms attrayants apparaissent, notamment Paul Dano, ainsi que Rachel Weisz mais elle ne compte pas, je trouve son rôle insignifiant...
Le problème avec Youth, c'est que je sens bien qu'il cherche à raconter quelque chose, mais j'ai du mal à cerner quoi. Le temps irrémédiable, les remords et regrets, les désirs, les souvenirs, peut-être l'importance de l'instant, il y a finalement beaucoup de thèmes évoqués, parfois très intelligemment dans ce lieu d'apaisement et de réflexion dans lequel se déroule le film (la scène du concert de cloches de vaches me parle particulièrement). Le film commence d'ailleurs par bien adhérer aux idées qu'il inspire, la pièce Des pas sur la neige de Debussy étant plusieurs fois évoquée (aux oreilles du grand public, il ne s'agit pas du tout de l'air du compositeur étant est le plus ancré).
Cependant, j'ai l'impression que Youth se contredit, ou bien je ne comprends vraiment pas quel message il souhaite faire passer.
A plusieurs reprises, le compositeur incarné par Michael Caine se refuse à diriger ses Chansons Simples. Il s'agit même de l'un des principaux arcs narratifs, le film étant introduit par cette scène. Je ne comprends pas ce qui pousse le personnage à revenir sur sa décision à la fin du film. Je trouve cela pessimiste : il en vient à admettre que son existence se résume aux Chansons Simples, omettant alors tout ce qu'il a pu produire d'autre. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai ressenti. En plus, l'interprétation de la pièce est discutable, la chanteuse en fait des caisses et elle vibre trop pour ce répertoire...
Cette fin me gêne beaucoup, car j'ai l'impression qu'elle détruit les idées véhiculées durant le film. Et c'est dommage, car une certaine beauté se dégageait de la narration en forme choral, de ce minivers aux désirs variés, tous ces personnages ayant des chemins et des objectifs différents.
Créée
le 10 janv. 2020
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