Le peu de crédit que j’accordais à Forgeard après le déroutant et assommant Gaz de France c’était dans sa faculté à s’approprier un univers absurde et un regard moderne, critique. Il enterre ces éventuelles promesses avec Yves, film sans aucune cohérence, entre la gentille folie de son récit de Hal-Frigo qui nourrit l’inspiration et l’indigence (pour ne pas dire l’inexistence) formelle qui l’enveloppe. C’est simple on ne retient rien. Pas une idée intéressante ni un plan farfelu, rien. Le néant. La palme du frisson de la honte étant atteinte lors de ce concours de l’Eurovision chanté par une cafetière italienne, un aspirateur portugais ou une machine à laver allemande. Il faut attendre les deux dernières minutes pour apprécier un semblant d’étirement surprenant, de subversion érotique. Mais il est déjà trop tard, malheureusement. Et puis Cronenberg est passé par-là avant. Et puis un frigo – hormis sa giclée de glaçons finale – a quand même moins de personnalité, d’élégance et de propension au fantasme qu’une voiture. Le sentiment qui nous parcourt durant tout le film est parfaitement résumé par le refrain (quasi méta, du coup) de la chanson de Jérem « Carrément rien à branler » d’autant que les dialogues et l’humour sont de ce niveau, insipides, la romance complètement idiote et les seconds rôles affreux : Katerine lui-même semble se demander pourquoi il est là. C’est par ailleurs la première fois que je trouve William Leghbil insupportable. Il tente de jouer comme Vincent Lacoste, sans doute pour récupérer un peu de sa magistrale énergie de loser qui mange des bananes dans Les beaux gosses, mais ça ne fonctionne pas. Est-ce que c’est en tournant avec dans Première année qu’il a été contaminé ? Qu’importe, un Leghbil lacostisé n’en vaut pas deux. Dans le registre de la comédie française absurde 2019, Yves, comme Convoi exceptionnel, de Blier, ont raté le coche. Ruez-vous plutôt sur le magnifique dernier Dupieux : Le daim.

JanosValuska
2
Écrit par

Créée

le 18 nov. 2019

Critique lue 576 fois

5 j'aime

JanosValuska

Écrit par

Critique lue 576 fois

5

D'autres avis sur Yves

Yves
EricDebarnot
3

Yves mon Amour ?

Il y a, derrière ce très, très mauvais, cet exceptionnellement mauvais film qu'est "Yves" une pléthore d'excellentes idées, qui, mises entre d'autres mains, auraient pu donner quelque chose...

le 29 juin 2019

18 j'aime

7

Yves
HugoShapiro
3

Glaçons, si tu enlèves la cédille ca fait...

Yves a tout pour plaire. Yves a un casting cinq étoiles, avec le sous évalué William Lebghil et notre monument national Phillipe Katherine. Yves peut être très drole, et a une scène absolument...

le 25 juin 2019

18 j'aime

4

Yves
Christoblog
3

Même pas drôle

Sur le papier, l'idée est séduisante : un frigo connecté envahit la vie d'un rappeur en mal d'inspiration. On imagine tout de suite les développements potentiels : Black mirror rigolo, fantaisie...

le 27 juin 2019

13 j'aime

1

Du même critique

Titane
JanosValuska
5

The messy demon.

Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit  parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...

le 24 juil. 2021

31 j'aime

5

La Maison des bois
JanosValuska
10

My childhood.

J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...

le 21 nov. 2014

30 j'aime

4

Le Convoi de la peur
JanosValuska
10

Ensorcelés.

Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...

le 10 déc. 2013

27 j'aime

6