Fut un temps où des cinéastes n’avaient pas peur de s’engager. Quand je parle d’engagement, je parle de vrai combat, pas de bataille pour nous apprendre des vérités universelles.
J’ai grandi avec Costa-Gavras, et Z est le film politique qui m’a le plus interpellé. C’est un vrai drame politique au rythme enlevé.
Pourquoi ? Parce qu’il y a plus d’arguments intelligents en moins de deux heures que dans tous les discours de Corbière réunis (je prends quelqu’un qui a la même sensibilité que lui), parce qu’il peut dénoncer sans hurler et sans insulter, contrairement à Mélenchon, parce qu’il a pris le risque de dénoncer des événements alors que ceux-ci étaient encore d’actualité, parce qu’il n’y a pas de manichéisme dans cette histoire, chaque personnage ayant ses zones d’ombre et ayant ses raisons d’agir, parce que sous couvert d’une dénonciation de la dictature, il nous interroge sur la démocratie.
Tourné comme un documentaire, avec des vrais séquences caméra à l’épaule, ce film a forcément inspiré Friedkin pour son FRENCH CONNECTION. Le roman dont est tiré le film relate l’affaire Lambrakis, un député de gauche assassiné en Grèce. Le film, même en romançant, porte la lumière sur la situation de ce pays, révélant la corruption élevée en système étatique.
L’étalage de gueules du cinéma français et européen est un vrai miracle, même si les rôles sont répartis de telle manière que personne n’a vraiment la vedette, hormis Trintignant en juge intègre qui va jusqu’au bout de ce que les institutions lui permettent, seul face à sa conscience.
Montand n’a que 12 minutes de présence à l’écran, mais focalise toute l’attention de par la tension qui se dégage.
Un classique souvent oublié et trop mésestimé.