Avec des moyens comme ça, moi aussi j'y arrive !

Le "Snydercut" est sorti. Le soleil brille, les oiseaux chantent, les fans ont obtenu leur victoire sur le maléfique studio et permis à l'artiste vénéré de présenter sa vision indiscutablement parfaite de son œuvre contre vents et marées, réparant tous les torts préalablement causés...

Désolé mais personnellement je n'ai pas tout oublié et même si cette nouvelle version de Justice League offre une belle fresque divertissante de 4 heures, elle n'efface en rien l'injure initiée depuis Batman V Superman en 2015.
Alors je sens venir les "juge ce film pour ce qu'il est" sauf que non. Car dans ce cas, ce film mettrait en scène des protagonistes principaux inconnus, sinon par leurs précédentes interprétations. Soyons clair; on regarde Justice League comme une suite à Man of Steel, Batman V Superman et Wonder Woman, sinon l'arc qui voit Batman "se racheter" auprès de Superman tombe à l'eau, puisqu'on ne saurait pas de quoi il veut se racheter. Pour pousser le truc plus loin, on ne saurait même pas de quoi Superman est mort ni même qui sont Superman et Batman (même si la pop culture mâche bien le travail à Snyder).
Donc non, impossible d'ignorer les films qui forment la base de ce Justice League.

Dès lors, difficile d'accrocher au deuil de Loïs pour un couple n'ayant jamais vraiment existé que par l'intermédiaire de scènettes décousues. Amy Adams n'aura jamais eu de personnage à interpréter et c'est bien dommage. Difficile de croire à la culpabilité d'un Bruce Wayne girouette qui se sent tout à coup responsable de l'héritage d'un Superman passé d'alien dangereux à figure publique sans crier gare et certainement pas à un Lex Luthor débile qui aurait recueilli, on ne sait pourquoi, des infos sur les membres de la Justice League préalablement dans des fichiers vidéos.
Et même si la nouvelle mise en scène accompagnée d'une superbe musique sublime pas mal le retour de Kal El face à Steppenwolf, difficile d'être vraiment surpris ou enjoué pour une mort n'ayant jamais vraiment eu d'impact dans cette continuité. C'était déjà un pétard mouillé en 2017, c'est toujours un pétard mouillé maintenant.

L'épilogue et le caméo de Martian Manhunter sont inutiles et n'apportent que de la confusion à l'histoire lorsqu'on met le fan-service de côté. Jared Leto n'est décidément pas un bon Joker et Batfleck parle beaucoup trop en sa présence. Personnellement, je suis heureux de ne pas voir ce remake cheapos de Mad Max se réaliser (mais on ne sait jamais...)

Bon... cela dit j'ai aimé! Déjà parce que clairement JunkieXl était l'homme du moment pour composer la musique de cet univers et les moments héroïques sublimés par sa musique prouvent que le père Snyder a toujours su filmer les comic-book comme un chef.
Parce que, je ne vous apprend rien, l'arc perdu de Cyborg, désormais rétabli, apporte son lot d'émotions à l'histoire et que beaucoup d'ajouts affligeants qui tuaient la crédibilité de Batman sont retournés dans les enfers d'où ils avaient surgit pour nous ramener une histoire simple mais tellement bien présentée !
Aquaman s'intègre mieux. Les amazones trouvent ici leur meilleure itération, les origines montrées dans le flash-back réhabilitent même Arès et le vilain est étoffé en plus de paraitre plus menaçant. Même Flash est appréciable, même si on se demande encore d'où sortent ses pouvoirs.

Snyder "triche" quand même, se payant 4 royales heures, quand Nolan avait du rogner comme un fou son montage pour obtenir 2h45 sur son Dark Knight, avec un résultat bien meilleur (quoique que moins épique il faut l'admettre). Ajoutez à cela que ce film capitalise sur un "Snyderverse" que le public a eu le temps de digérer et qui n'a donc plus vraiment d'effort à faire pour poser ses bases.

Alors oui, bon film, mais à quel prix ? Et tandis que les frères Schoenke produisent leurs courts-métrages sur Batman à la sueur de leur front depuis le début des années 2000 avec bien moins de budget, doit-t-on vraiment plébisciter une œuvre ayant eu besoin de 3 films plus un raté pour voir le jour ?

Doit-t-on vraiment accepter un mode de consommation où le public va maintenant payer 2 à 3 fois pour un film avant d'avoir une oeuvre satisfaisante ? Ou ne laisserait-t-on pas la place aux vrais bons auteurs qui parviennent à vous raconter une bonne histoire en 2 heures, avec un début, un milieu et une fin ?

PS: Pendant que l'on se réjouit de la fausse victoire du Snydercut sur les aléas de production, l'histoire se répète et le Batman de Matt Reeves est laissé à l'abandon par des actionnaires qui retirent leurs billes au moindre pépin. Alors préparez-vous au Reeves Cut d'ici 10 ans....