Une plongée hallucinée dans un bad-trip: notre monde
Si vous êtes attiré par les substances illicites, par les monsieur tout nu à moustaches et par les plans nanardesques qui vous font prononcer "WTF !!!" en plein milieu d'un film, Zardoz est fait pour vous.
Zardoz, sorti en 1974 est clairement ancré dans cette série de film surréalistes et psychédéliques de la fin des années 60 et du début des années 70 et particulièrement dans cette période qui voit s'effondrer l'espoir d'une société parfaite et utopique comme une sale descente d'ecstasy. D'ailleurs, la tenue des Immortels, communauté que l'on va résumer grosso modo aux antagonistes du film rappelle sans la moindre équivoque celles colorées et amples de toute la période hippie et du Summer of Love de la fin des années 60.
Le propos de Zardoz est somme toute assez classique de la période avec une remise en question de la religion monothéiste qui est, comme toutes les religions, organisée autour du respect de préceptes dogmatiques qu'il est interdit de remettre en cause. La figure tutélaire de cette religion, le masque de Zardoz, n'est pas d'ailleurs sans rappeler la figure de Zeus, les traits déformés par la rage et foudroyant les hommes de son courroux. Ici, la société prospère et idyllique, l'utopie même, repose donc sur cette figure de peur, qui offre la foudre aux autres hommes, les Brutes, pour qu'ils s'entretuent.
La cible de cette critique acerbe est donc ici très claire compte tenue du contexte. En 1974 s'achève la sanglante guerre du Viet Nam, et la figure tutélaire est celle de l'oncle Sam qui offre aux hommes du monde entier la foudre pour s'entretuer et s'entrexploiter. La société idyllique, l'utopie tant rêvée par les hippies américains et par tout le mouvement de la contre-culture des années 60 repose donc sur l'exploitation et la guerre entre les hommes du reste de l'humanité toute entière.
C'est dans cette situation, où une micro-élite d'Immortels règne par la peur et par la manipulation sur le reste de l'humanité qu'arrive Z, (Sean Connery en slip rouge). Initialement désarçonné par le mode de vie et l'apparente supériorité des Immortels, Z parviendra à semer le doute dans cette communauté pluri-séculaire et malade d'elle-même.
Zardoz sert un discours intéressant sur la mort et la vie des êtres humains bien sûr, mais aussi sur celle des civilisations. Est-ce qu'une civilisation convaincu de sa supériorité et donc de son immortalité n'est pas justement une civilisation au bord de l'abîme ? En redonnant la mort à des êtres Immortels, Z leur redonne l'essence même de la liberté, le choix. Les humains ont le choix, entre rester en vie et choisir l'instant de leur mort. Quand celle ci cesse d'être inéluctable, le choix disparait, et la liberté avec elle. Une civilisation incapable de voir sa fin inéluctable est paradoxalement celle qui est la moins à même d'y échapper. Zardoz est un film culte à n'en pas douter.
Nanardesque par ses plans, complètement barré par ses scènes WTF comme celle de l'exclusion d'un des membres de la communauté des Immortels, formidablement imaginatif par sa mise en scène psychédélique, Zardoz est visuellement le reflet d'une époque morte celle des années 60. Par ses thèmes abordés, par son illustration d'une civilisation parfaite qui dissimule la plus crasse des bêtises et la plus grande des sauvageries, Zardoz est la photographie d'une époque mourrante: la notre.
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