Le cinéma tchécoslovaque réserve vraiment des belles surprises. Le sujet est relativement classique (l'histoire d'une femme internée à Ravenbrück), mais la forme est assez surprenante.
Il y a d'abord un jeu sur les temporalités : la femme se souvient de sa vie avant son arrestation, depuis son enfance (NB Le film commence par une scène où elle est enfermée dans une sorte de cachot). Ces souvenirs s'entremêlent avec les scènes de la vie du camp (il y a d'ailleurs aussi un jeu avec les temporalités dans cette partie, et la scène finale remet bien les choses en place de ce côté-là).
Dit comme ça, le film a l'air d'un objet arty dur à suivre. Hé bien non : bien qu'il me manque quelques infos (j'ai vu le film sur YT en VO sans sous titres) , je suis arrivée à suivre sans problème.
Le plus étonnant, c'est le travail sur la couleur : séquences en pellicule teintée (tons dorés ou bleutés, ça dépend), couleurs presque naturelles ou au contraire désaturées, voire du quasi noir et blanc suivant les scènes. Là aussi ça fonctionne très bien.
Il y a dans ce film des scènes saisissantes, dont une sur l'arrivée d'un groupe de femmes (dont elle faisait partie) dans le camp. A noter qu'il y a une scène de douche; à ce moment-là, comme dans la liste de Schindler, mais ici on sait que les femmes ne seront pas gazées (il y a même une prisonnière qui les rassure quand elles paniquent). Comme à d'autres moments, cette séquence (mais pas le moment de la douche) contient des effets (ralentis, montage accéléré...) que j'ai trouvés bien employés.
Musique sortant aussi du lot, mêlant une musique électronique et des solos à la flûte de Pan
A noter qu'il s'agit probablement d'une production plus slovaque que tchèque. le générique de début cite les studios Barrandov (Prague); mais aussi un studio de Bratislava , et Juraj Herz était slovaque . Je pense même qu'il est parlé en slovaque : la vidéo suivante propose une version (écourtée, il manque près de 25 minutes, dont la toute dernière scène) annoncée comme doublée en tchèque...