Le roman de Raymond Queneau (1959) était très particulier, jouant sans cesse avec les mots et dévoilant des situations de plus en plus absurdes au fil de la lecture. Adapter Zazie dans le métro n'a donc rien de facile, mais Louis Malle a réussi son coup.
Queneau avait les mots, Malle a l'image. Si les dialogues du réalisateur et de Jean Paul Rappeneau sont aussi absurdes que ceux du roman, c'est surtout l'adaptation par la visuel qui marque le plus. Une visite dans Paris devient l'occasion de montrer tout et son contraire. Des voitures montent sur les autres. Des acteurs qui changent de rôles, confirmant bien certains aspects du roman (un policier est finalement un criminel, la tante devient de plus en plus masculine, là où l'oncle va plus vers le féminin).
Mais outre cela, il y a également un flot de scènes dignes d'un cartoon. A l'image de ce passage où Zazie (Catherine Demongeot) est poursuivie par Trouscaillon (Vittorio Caprioli) dans un pur délire à la Tom et Jerry. Puis ce n'est pas tous les jours que vous verrez Philippe Noiret au centre d'une bataille de choucroute.
Zazie dans le métro c'est plein d'idées visuelles sur 1h29 et vu le projet casse-gueule qu'il était, c'est déjà un miracle qu'il tienne aussi bien la route (l'adaptation de L'écume des jours par Michel Gondry est un parfait contre-exemple).