Zero Dark Thirty par browncoat84
Un peu plus de trois ans après la sortie de Démineurs, Kathryn Bigelow nous revient avec Zero Dark Thirty, un film centré sur la traque d’Oussama Ben Laden de 2003 à sa mort en 2011. Son long métrage est rythmé et haletant de bout en bout. Ce qui n’est pas une mince affaire lorsque l’on suit une histoire dont on connaît déjà le dénouement.
Bigelow et le scénariste Mark Boal travaillaient initialement sur un script autour de la bataille de Tora Bora en Afghanistan, où l’on pensait que se trouvait Ben Laden, lorsque l’annonce de sa mort est tombée. Un peu embêtés au départ, le duo décide de profiter de leurs contacts dans l’administration américaine pour écrire un récit sur la traque du chef terroriste. Nommé Zero Dark Thirty (minuit trente en langage militaire), le titre est une référence au secret entourant les dix ans de traque et l’histoire, un hommage aux hommes et femmes, qui ont sacrifié leur vie au cours de ces dix années dans l’affrontement contre un ennemi insaisissable et retord.
Un des points forts du scénario est de montrer les différentes composantes impliquées dans la traque, de l’homme de terrain jusqu’à l’analyste. Le personnage de Maya (Jessica Chastain) va être le vecteur d’identification du spectateur. Jeune officier de la CIA, elle est le cliché de l’agent absorbé par son travail sans aucune vie sociale. Intelligente, avec du flair, elle est dévouée à son métier. Sa détermination est renforcée par un évènement au milieu du film et de « joueuse d’équipe », on passe à « elle contre le monde » assoiffée de vengeance, comme un symbole de l’Amérique post 11 Septembre. Il faut, par ailleurs, souligner la caractérisation intelligente des personnages de la part de Mark Boal. Il les place toujours dans l’action, c’est à dire dans un situation où ils révèlent leur caractère. Par exemple pour Maya, les scènes de tortures du premier acte et sa première réunion de travail montrent qu’elle n’a pas peur du sale boulot et qu’elle est prête à prendre la parole si elle pense avoir raison.
N’y allons pas par quatre chemins : Il y a plusieurs scènes de tortures dans Zero Dark Thirty et leur utilisation peut être choquante pour de nombreux spectateurs. Mais le film a l’intelligence de ne jamais porter de jugement (positif ou négatif) sur ces actes. Il se rapproche ainsi du journalisme (Mark Boal est un ancien de la profession) en ne présentant que les faits et laisse le public se faire sa propre opinion.
Zero Dark Thirty contient beaucoup d’informations mais n’est jamais lourd. L’histoire conserve un bon rythme et se conclue par l’impressionnante attaque de la maison de Ben Laden au Pakistan tournée quasiment en temps réel. Kathryn Bigelow réussi le tour de force de lier intelligence et divertissement dans une œuvre qui se positionne déjà comme l’un des meilleurs films de l’année.