17h30, alors que les bandes annonces animent la salle de cinéma, j'appréhende de découvrir ce film événement et unique, sur la plus grande chasse à l'homme de l'Histoire. La traque du responsable des attentats du 11 Septembre, Oussama Ben Laden. Sous la caméra de Kathryn Bigelow, Zero Dark Thirty retrace les dix années qui ont conduits, en 2011, à l'assassinat de l'Ennemi Public numéro 1. C'est en toute impartialité que j'ai démarré le visionnage. Sans prendre en compte les polémiques qui l'entoure, le fait qu'il soit un film un oscar mais bien comme un film politique, historique et militaire.
Black out, l'écran ne montre rien, pas une seule image. C'est par un enregistrement d'un appel d'une victime de la tour 2 du World Trade Center aux services d'urgences : du moment où le premier avion percute la tour nord jusqu'à la mort de cette personne en direct au téléphone. Peu commun pour une séquence introductive mais parfaite pour ouvrir Zero Dark Thirty. Par ces quelques minutes, nous sommes plongés dans l'intrigue du film et nous ne pouvons en sortir qu'après 2h40.
Dirigé avec fermeté et dynamisme par sa réalisatrice, le film est impressionnant. On doit cela au casting de prestige et performant. L'héroïne, Maya, interprétée avec brio par Jessica Chastain est une femme hors du commun. Son évolution au cours de ces dix années est stupéfiante. Elle débute avec un caractère retissant, mal à l'aise à la vue des scènes de tortures va s'affirmer, se créer une nouvelle image, celle d'une femme qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins, même si cela implique affliger aux prisonniers de terribles souffrances. Un paradoxe difficile pour cette femme qui a mis sa vie entre parenthèse pendant une décennie. D'ailleurs, Kathryn Bigelow s'attarde à plusieurs reprises sur la psychologie du personnage. Des scènes émouvantes puisque nous pouvons voir Maya s’effondrer, perdre les pédales et honnêtement, nous sommes bluffés.
Entre les attentats qui se succèdent, l'enquête qui avance, puis qui piétine, on en voit de toutes les couleurs. Le film peut ainsi se diviser en deux moitiés distinctes. La première suit le progrès de l'enquête, la recherche d'indices, de preuves, nous sommes plus dans une optique tactique alors que l'action en elle-même va prendre toute son importance dans la seconde partie du film. Si nous devons souligner un éléments maîtrisé à la perfection dans le film, c'est bien l'assaut final. Une séquence fluide, brutal, d'une très forte intensité dramatique, l'assaut ultime qui nous tient en haleine durant tout son déroulement. On sait comment ça se termine mais tout le déroulement est haletant.
De plus, au fil des années, nous sommes pris d'affection pour ce groupe d'agents exceptionnel qui pour certains vont sacrifier leurs vies pour la patrie. On espère de tout cœur que tout va bien se passer et qu'il vont s'en sortit mais malheureusement, dans un film d'une telle ampleur, aucun personnage n'a l’immunité, ils sont tous sacrifiable. C'est tellement fascinant de voir comment toute cette opération s'est déroulée que nous en restons bouche bée.
20h10, la projection se termine et les mots paraissent tellement faibles pour décrire ce qu'on ressent. Zero Dark Thirty se présente comme un film témoin de dix ans de recherches, de cavales, de peurs, de peines etc... Une affirmation du pouvoir américain face à ses nombreux ennemis. Le film devient alors une métaphore à l'échelle mondiale puisque Kathryn Bigelow prouve avec ce long métrage, que l'Amérique ne lâchera jamais, ne cédera jamais au terrorisme, que quoi qu'il en coûte, ils iront jusqu'au bout pour obtenir, dans ce cas présent, vengeance des crimes commis par les extrémistes. Kathryn Bigelow offre donc au monde une expérience cinématographique unique, un grand moment de cinéma.
