Le réalisme n'est pas la tasse de thé de Bertrand Bonello même quand il s'agit de de la vie d'une célébrité (Saint Laurent), d'une évocation historique bien définie (L'Appolonide) ou d'un film sur la jeunesse d'aujourd'hui (Nocturama). Zombi Child traite de l'esprit vaudou non via un film de genre, comme l'a fait Tourneur en son temps, mais par deux (voire trois) intrigues distinctes dans le temps et reliées par un fil ténu qui apparait seulement dans ses dernières minutes. C'est presque sans importance, d'ailleurs, car la notion de suspense n'intéresse nullement Bonello qui illustre plusieurs thèmes dans cette matière vivante très travaillée qu'est Zombi Child : la transmission de la culture à travers les générations, les racines africaines et l'histoire douloureuse de Haïti, les relations complexes entre la France et ce pays, etc. La qualité première de Zombi Child est sa capacité à créer un univers et à envoûter le spectateur par son atmosphère. Quant à son défaut majeur, il est d'opacifier ses différents chemins narratifs, se préoccupant parfois en priorité du caractère théorique et même abstrait de son récit. Bien que très différent de ses films précédents, Zombi Child porte pourtant indéniablement la marque de Bonello, son élégance de trait, notamment, mais aussi ce qu'on peut lui reprocher assez souvent ; son refus de susciter une véritable émotion.

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le 12 juin 2019

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