Zoo
7.4
Zoo

Film de Peter Greenaway (1985)

Il faut le dire vite. Tout commence par deux deuils.
Le début d’un cycle et de sa mise en image dans un sordide time-lapse avant-gardiste. Deux âmes sont parties. Deux autres succéderont.

Pourquoi ?

Au pays des voyeurs, le scientifique est roi. Et derrière la caméra, le « pourquoi » évince le « comment ». Pourtant, ils observent nos frères siamois, jusqu’au dégoût. C’en est trop parfois. A trop en faire, à insister plus que de raison, l’image se fait douloureuse, pénible.

Un artifice ?

Car, à cette insupportable souffrance visuelle, monochrome terrifiant et sans vie, succède sans transition un faste tableau vivant, aux couleurs chamarrées et aux somptueux atours. Il n’en est que plus beau. L’on se repait avec gourmandise, sans mesure ni retenue, qui sait ce qui va suivre ? Ces oasis de paix, au sein d’un noir désert de peine, sont miraculeuses et forcément surévaluées.
Le rythme est hachée, brutal.
La répétition s’impose en narration, une trame raide, évidente. Peu de surprises, la fin est toujours la même, le cercle est infini. Mais là n’est pas le sujet. Qui se soucie de la destination ? Y a-t-il même une destination ? Tandis que le chemin pour y parvenir, lui, est passionnant. Tout y est possible, tout est permis. Plus que par une absence de tabou, ce film brille par le plaisir non dissimulé qu’il prend à les abolir, à les transgresser un à un.
A mesure que s’abandonne la raison, que tombent les barrières, le film se révèle. De provocant, il devient innovant. Mais l’immersion est longue, rigoureuse, exigeante. Les balbutiements d’un futur maître.

Alors pourquoi ?

Pour que brillent deux cerveaux déments.
Pour que soient unis à jamais les corps que l’homme a séparés.
Pour que jamais ne s’arrête le misérable cycle de la vie.
Pour que le cinéma sorte un instant de ses carcans.
-IgoR-
7
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le 17 mai 2014

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18 j'aime

-IgoR-

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