15 ans après le réussi Zoolander, Ben Stiller revient avec la suite des aventures de son personnage culte passant encore une fois devant et derrière la caméra. Retrouvant les principales têtes pensantes du premier film et s'associant à Justin Theroux, avec qui il avait déjà collaboré pour son jubilatoire Tropic Thunder, et bénéficiant d'une meilleure production grâce à un budget plus conséquent, tout les éléments étaient réunis pour nous promettre un film plus ambitieux, plus fou et plus grand. Mais le plus n'est pas synonyme de mieux, et la joyeuse bande à vieilli, se montre moins incisive et à du mal à renouveler son humour. Des défauts suffisamment conséquents pour enterrer catégoriquement cette suite ?


Le scénario se montrera totalement bancal et en cruel manque d'idées. La première heure de film, malgré quelques fulgurances du côté de Hansel, le sidekick du héros, et de quelques caméos sympa, on assistera à un enchaînement de moments gênants et lourds qui ne sont là que pour flatter l'ego de quelques guest stars de luxe qui en plus ne sont pas nécessairement connus pour les non-initiés à l'univers de la mode. On plonge très vite dans quelques choses de feignant et d'auto-suffisant qui va répéter ce qu'il croit être une bonne idée à outrance, décidant de minimiser les gags au profit d'une surabondance de caméos pas toujours nécessaire offrant des séquences inutiles et vides qui tombent à plat. Et hormis une parodie de pub assez hilarante, va aussi répéter les mêmes gags encore et encore pour en retirer toute la saveur initiale. Surtout que tout ça s’enchaîne dans un récit classique qui manque cruellement de folie, qui dispose de beaucoup de personnages inutiles et mal amenés et qui fait de son héros le point faible de sa propre histoire.
Mais finalement, lors du dernier tiers, un miracle s'opère. Grâce au retour du méchant du premier film, le film renoue avec sa folie d'antan et son absurdité totale pour offrir un festival de gags totalement over the top et assez inventif qui brille surtout par l'énergie comique du sidekick et du grand méchant. L'ensemble va tellement loin et assume pleinement son délire que le dernier acte devient absolument génial et enchaîne les moments d'hilarités, arrive à faire des caméos intelligents et qui fonctionnent et parvient même à offrir un twist final bien vu au sein d'un climax assez savoureux. On se retrouve avec l'étrange impression qu'une autre personne s'est occupée de la fin du film, comme si le retour de ce personnage issu du premier film l'avait soudainement inspiré à faire quelque chose de drôle, inventif et bien pensé.
Surtout que c'est grandement aidé par l'énergie, la folie et l'absurdité totale dont est capable Will Ferrell qui domine très clairement le casting par son génie. Son humour ne vieillit pas et c'est toujours un régal de le voir à l'oeuvre. Il est bien épaulé par Owen Wilson, qui lui aussi s'en donne à cœur joie dans son cabotinage livrant en fin de course des passages vraiment hilarant. Dommage par contre que le reste du casting ne dispose pas de la même énergie, malgré quelques caméos convaincants notamment celui de Sting, le reste des acteurs peinent parfois à créer le moindre aura comique. Comme Penélope Cruz qui semble surnager au milieu de tous ça et qui n'est jamais dans le délire tandis que Ben Stiller semble fatigué et ne parvient pas à redonner vie au personnage comme il avait su le faire il y a 15 ans.
Cette fatigue se ressentira aussi dans la réalisation, qui malgré la hausse de moyen, se montre relativement pauvre visuellement. Beaucoup de fond verts sont visibles, la photographie est tout ce qu'il y a de plus générique, les environnement font vides, le montage est linéaire et bancal sur certaines transitions tandis que la musique est bien trop entêtante dans ses accents électro. Tout ça est accentué par une mise en scène assez insipide de la part de Ben Stiller qui en fait beaucoup trop dans ses gags visuels pour les rendre vraiment marquants ou réussis. Après il fait preuve d'une certaine maîtrise, il en est pas à sa première réalisation et on sent qu'il ne se laisse pas noyer par l'entreprise mais il manque cruellement d'idées et tombent souvent dans les clichés actuels de la comédie US faisant au final quelque chose de très sage.


En conclusion Zoolander No. 2 est une déception. Pas un film totalement honteux pour autant, mais clairement une suite en manque d'imagination et de fantaisie, qui ne parvient pas à dynamiser la comédie US pour faire un objet culte comme avait réussi le premier, mais une comédie qui se met dans le rang pour faire la même chose que les comédies actuelles. Le tout est quand même sauvé par un dernier tiers excellent, où l'arrivée du génial Will Ferrell permet d'injecter tout la folie et l'inventivité dont le film avait besoin et parvient vraiment à rendre l'ensemble plaisant. Comme si finalement tout n'avait pas été vain et que l'on retienne quelque chose de positif de cette suite. Mais malgré tout Ben Stiller signe assurément son moins bon film en tant que réalisateur, prouvant que son humour a vieillit et qu'il ne semble plus capable de tirer qu'un divertissement moyen de son art.

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le 8 mars 2016

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Flaw 70

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