Zootopie
7.3
Zootopie

Long-métrage d'animation de Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush (2016)

Bon, promis, la note va un peu baisser, le temps que je le revoie, mais là on a clairement affaire à du Disney haut de gamme. Pas simplement du Disney "oh chouette, enfin un film du niveau de leur deuxième âge d'or (troisième pour les puristes)", mais surtout du Disney "ah ouais d'accord, on comprend mieux pourquoi Pixar ne présente rien aux Oscars cette année".


Parce qu'il y a de tout dans ce Disney. On reste (forcément) en terrain balisé, il y a une jolie morale assénée au burin certes, mais plutôt intelligente, en ligne avec les années 2010 du studio quoi. Quelques passages obligés dont on aurait pu se passer (mais qui ne tirent pas le film vers le bas pour autant), et sinon du reste, du fun et de l'émerveillement de bambin à chaque séquence. Parce que c'est beau mince, l'animation est à tomber, c'est vivant, chaque plan fourmille de détails ; et puis le charisme des personnages s'il vous plaît, je pense que l'on devrait brûler DreamWorks sur la place publique pour oser nous présenter des animaux parlants après ça. Parce qu'en matière d'anthropomorphisme, c'est vraiment très équilibré, on garde des personnages super mignons qui permettront au Grand Vampire de vendre des peluches à tour de bras, tout en leur conférant des attributs humanoïdes qui ne m'avaient pas autant faire rire depuis Monsters, Inc. au moins. La technique est bien aidée par une DA au poil, il faut le dire. Les visages simples mais hyper-expressifs resteront la meilleure vraie bonne idée du studio pour la décennie 2010, enterrant avec panache les immondices ayant officié lors des années 2000 (quand je pense que des jeunes ont grandi avec The Treasure Island ou Chicken Little, j'en ai des frissons de gêne).


Et puis l'univers, wahou Madame. C'est comme quand tu découvres Disneyland pour la première fois, sauf que ça ne sent pas l'huile de friture, et ça n'a pas (encore) été amoché par 20 années d'enfants en bas âge. Il y a des biomes trop cools dans cette ville, avec des ambiances visuelles à tomber (la jungle, wowowow les mecs, appelez les pompiers, je crois que Pixar vient de se faire cramer la tronche en beauté). Et on passe de l'un à l'autre comme du coq à l'âne, ça ne fait aucun sens mais on s'en fiche, on en prend tellement plein les mirettes...


Bref, c'est beau. Et c'est bien rythmé avec ça. Et il y a Apôtre Giacchino derrière son chevalet qui nous mitonne un score sympa, peut-être pas son meilleur (en même temps...), mais relevé de petits moments de bravoure bien sentis, où tu sens que le Monsieur n'est pas Apôtre pour rien. Pour faire court, c'est vraiment super cool, et on passe vraiment un très moment devant, et on sent que c'est carré comme à l'époque de Aladdin ou du Lion King, on choisit ce que l'on veut montrer, on écrème intelligemment, pour n'en faire ni trop, ni pas assez. Et puis surtout, sur pas mal de moments bien sentis, quand le scénario en a un peu marre de rester dans les clous, on s'autorise pronto une petite escapade du côté des thrillers glamours de la grande époque, entre Hitchcock, Donen et Wilder. On vire brièvement au film d'enquête, et là Zootopia n'est plus simplement un Disney carré, mais un devient un Disney ambitieux. 20 ans que l'on avait pas vu ça, comme quoi tout arrive.


Je pense qu'à ce moment mon cerveau a flashé, et après cela j'étais en mesure d'accepter n'importe quoi, la double morale bien guimauve (mais pertinente, et en phase avec notre époque), le méchant le plus cool de l'histoire du studio (aux motivations un peu trop rapidement éventées ceci dit), la mafia des musaraignes, les switcheroos comme si on était dans Charade ou To Catch a Thief, le passage obligatoire "désolé d'avoir douté de toi - c'est pas grave va, je te pardonne", ici dégagé en mode balek over 9000, comme pour se foutre de la figure des cahiers des charges antédiluviens de Tonton Walt, la référence à Breaking Bad forcée au pied de biche... Tout je vous dis, le film m'a tout fait gober, et moi pauvre crétin que je suis j'en redemandais. Même maintenant, tel que j'écris ces lignes, je n'ai qu'envie de le revoir, pour confirmer ou infirmer mes propos peut-être, mais surtout pour repasser à nouveau un bon moment devant, devant cette ambiance et cet univers qui fleurent bon le cool juvénile à l'infini. Un Disney au top. Les mecs, les meufs, un Disney au top, mince, c'est pas génial ça ?

HarmonySly
8
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le 21 févr. 2016

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HarmonySly

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