Zoophilia Interacial

La bande annonce m'avait bien fait rire. Je m'attendais donc à passer un bon moment devant ce film d'animation.

Et bien non. Grosse déception. Le scénario est assez peu intéressant. J'aime bien le thème du racisme, les clichés sur les animaux, la manière de les utiliser (d'ailleurs ça fait quelques temps que j'ai envie de faire une BD avec des personnages ayant des têtes d'animaux et de jouer sur ces caractéristiques animales... sauf que je n'ai pas encore l'histoire idéale pour traiter de ces thèmes) mais le traitement scénaristique est franchement pauvre, avec des retournements de situation fort prévisibles, une enquête policière peu palpitante.

Il aurait sans doute été plus intelligent de privilégier l'aspect sociologique et surtout comique de ce film, mais assez curieusement, le film n'est pas très drôle : en effet, j'ai été surpris, les dialogues sont assez plats, les gags assez rares... en fait, c'est surtout durant les scènes d'action qu'on trouve de bons gags, le reste du temps, c'est plutôt plat (comme tout le début qui consiste à montrer l'entraînement de l'héroïne : pas un seul rire, même les parents ont été incapables de m'arracher un sourire).

L'aspect sociétale est plus intéressant, mais là aussi les choix sont étranges. Plutôt que de découvrir Zootopie comme étant un lieu unique, on a l'impression de rencontrer plusieurs micro-sociétés. Et heureusement car c'est là que les auteurs tirent leurs épingles du jeu ! L'action et l'humour fonctionnent le mieux dans ces moments, comme par exemple cette mini-ville, le bureau des paresseux, ou encore le repaire de la mafia.

Le graphisme est globalement plaisant. J'ai surtout apprécié le travail de la lumière et une modération dans la palette chromatique (contrairement à Pixar qui ne vit que pour le multicolore). Le découpage est globalement correct : disons que ça manque d'ingéniosité, d'inventivité et parfois même de dynamisme (y a des passages assez mous) ; la séquence des paresseux reste ma préférée, la mise en scène étant totalement au service du gag (et encore, ça allait trop vite à mon goût).

Un truc qui m'agace dans les films d'animation, c'est que le body language est pareil d'un film à l'autre. C'est un peu comme si, dans le cinéma live, nous n'avions que trois ou quatre acteurs différents pour tous les films... voir toujours le même jeu serait fortement lassant non ? Et bien c'est ce que je ressens avec les dessins animés, une répétition fatigante des mêmes gestes, des mêmes grimaces. Je sais que dans ce domaine, les animateurs piochent dans des bases de données pour aller plus vite, mais quand même il serait bien d'aller un peu plus loin. C'était l'avantage de la rotoscopie dans les dessins animés traditionnels, on exploitait un vrai jeu d'acteur, ce qui permettait d'amener des nuances supplémentaires auxquelles n'auraient pas pensé les animateurs s'ils avaient été livrés à eux-même ! L'observation, c'est la clef de tout art !

Les voix sont globalement décevantes. Je ne suis pas fan de Bateman à la base, ce n'est pas dans ce film-ci que je vais changer d'avis. Ceci dit, les autres ne font pas beaucoup mieux : en fait, j'ai trouvé que ça manquait de délire, d'une vraie personnification des rôles. Je suis peut-être vieux jeu, mais j'aime que les acteurs fassent des 'voix' lorsqu'ils incarnent un personnage animé. Je peux comprendre que les héros aient une voix plus 'normale' afin de mieux s'identifier, mais pour le reste c'est nettement moins pardonnable. En même temps, faire des voix sur un texte pas drôle, je ne sais pas si ça aurait marché.

Je termine sur le thème. C'est bien mignon de balancer une critique sur le racisme et les préjugés, mais ce qui est étrange, c'est de baser justement l'humour sur ces même préjugés. On ne peut pas dire que les 'prédateurs' sont des méchants, on ne peut pas dire qu'un renard ne soit qu'un être rusé ou que sais-je en revanche, on se moque des paresseux qui sont des gens extrêmement lents. C'est un peu contradictoire je trouve. En plus ça me paraît un peu trop simpliste de dire aux bambins qu'on est tous différents, qu'on vaut mieux qu'un a priori etc.. Pour ma part, je pense que les a priori, que les clichés ont leur rôle dans notre société : il ne faut pas s'arrêter à ça, mais ils sont clairement un moyen de mieux saisir le monde qui nous entour. Je trouve que le discours est par moment fort proche de Lego Movie, un autre produit Disney : faut-il voir là une tentative de retrouver le même succès ?

Bref, pas terrible ce film d'animation : ça manque de folie et d'humour, le scénario proposé n'étant qu'une banale enquête exploitant bien maladroitement et de manière décousue cette société pourtant si prometteuse. Dommage.