Plus Taxi que Driver

De Lynne Ramsay, j'avais seulement vu We Need to Talk About Kevin jusqu'à aujourd'hui — lui aussi une adaptation —, film qui ne m'avait toutefois pas marqué plus que ça.

Malheureusement, Lynne Ramsay a beau savoir mettre en scène son film, et Jonny Greenwood l'accompagner grâce à sa musique, j'ai trouvé l'ensemble bien trop classique : le film a beau être relativement lent et mutique, il arrive à se répéter, à être cousu de fil blanc. Le bouquin de Jonathan Ames manquerait-il de matière ? Si j'en crois sa petite centaine de pages, cela a dû forcément jouer. Reste que ce serait bien trop facile de ma part de tout mettre sur le dos de l'écrivain et non sur le travail d'adaptation de Lynne Ramsay, principale responsable de l'adaptation.

En effet, A Beautiful Day, ou plutôt You Were Never Really Here — sans déconner, faudra vraiment un jour arrêter de traduire un titre anglais par un autre titre anglais, surtout quant à côté ça n'a posé aucun soucis pour le titre du bouquin dont le long est l'adaptation — se répète : comme s'il fallait dérouler de la pellicule, de nombreuses informations étant envoyées en morceaux au spectateur. Pire, il prend son temps autour de détails futiles, symboliques, mais creux — les bonbons verts — ou qui ne seront pas exploités par la suite — l'agression lors de l'intro, Joe qui pète la gueule à quelqu'un parce qu'il l'a fait attendre 20 minutes. J'aurais pu accepter le côté fragmentaire du scénario si le puzzle s'était avéré plus complexe, moins classique. Car oui, le scénario de A Beautiful Day est, sommes toutes, très classique… pire, il en tiendrait presque de la parodie avec son délire complotiste, le fait que tout laisse à croire que tout le monde est dans le coup.

Le long a été vendu comme « le Taxi Driver du 21ᵉ siècle » à cause du Times. Et bien que le film de Lynne Ramsay peut formellement renvoyer à celui de Scorsese à cause de son ancien vétéran de guerre torturé, sauveur de jeune fille, il n'a au fond pas grand-chose à voir, que ce soit en termes de qualité ou d'originalité. C'est d'autant plus dommage que la fin me donnait presque envie que le film continue.

Reste donc un film bien mis en scène accompagné d'une bonne soundtrack… et c'est tout. Et non, ce ne sera donc pas A Beautiful Day qui me transformera en fan de Joaquin Phoenix. Déso pas déso.