Conte d'août !
Ma première incursion dans le cinéma de Guillaume Brac (pas la dernière évidemment, vous vous en doutez vu ce que j'écris ensuite !) et je ne regrette absolument pas le voyage. Oui, on peut parler...
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le 27 mai 2021
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Rien de tel, alors que les frimas de l’hiver s’annoncent et que les masques anti-Covid s’imposent de nouveau, qu’une parenthèse estivale au cœur du Vercors pour une romance toute rohmérienne sans gestes barrières. A l’abordage, le dernier film de Guillaume Brac, raconte la virée de deux loustics de la Courneuve dans le sud de la France. Au programme, baignades en eaux vives, karaoké au camping du village et télescopage culturel. Un joli film qui sort ce mois-ci en DVD/VOD (Jour2fête & Potemkine).
Bra(c)quer l’été
Lorsque Félix voit sa conquête d’une nuit prendre un train pour la Drôme, direction la maison de vacances familiale, le romantique qui est en lui ne tergiverse pas longtemps : il chope Chérif, son pote de quartier, récupère deux tentes usagées au centre de loisir et largue les amarres pour une semaine de vacances improvisées dans le village de la belle. Une escapade toute en surprises au cœur des paysages du Vercors. Le film célèbre l’été et la pleine nature, comme c’était déjà le cas dans deux films précédents de Guillaume Brac : L’Ile au trésor (2018) et Contes de juillet (2017). Mais les deux petits gars du neuf-trois trouveront-ils leur place dans ce paradis bleu blanc vert ?
Félix, Chérif et Chaton
Si l’intrigue principale se noue autour de Félix, le titi parisien et d’Alma, la fille de province, ce sont en fait les autres personnages, a priori secondaires, qui se révèlent les plus intéressants. Chérif d’abord, le bon pote à la placidité désarmante, qui fuit la rivière ( « à cause des otites » précise-t-il) pour mieux s’improviser baby-sitter auprès d’une jeune mère esseulée. Et puis Edouard, le fils de bonne famille un peu coincé qui blablarcardise Félix et Chérif avec la voiture de sa mère…sans l’accord de celle-ci ! Un personnage que l’on a plaisir à voir se métamorphoser au fil de l’histoire. Avec ces jeunes gens trainant complexes physiques et peurs infantiles (du soleil, de l’eau), Guillaume Brac dessine le portrait d’une jeunesse qui se cherche et qui aspire à faire bouger les lignes.
Quitter son milieu
Si abordage il y a, c’est celui d’un milieu – social aussi bien que naturel – par ces petits gars de la banlieue. Mais l’assaut n’est pas gagné d’avance. Lorsque la « princesse » Alma se réfugie dans les hauteurs de sa demeure snobant son Roméo désemparé, celui-ci vient clamer son amour au risque de se faire embarquer par la maréchaussée. « Tes parents, je suis pas leur genre hein ? » assène-t-il intuitivement à Alma. La réponse, difficile à assumer, tarde à venir. Inversement, Chérif se retrouve sur la même longueur d’onde qu’une fille…de son ancien quartier. Quant à Édouard, il réussit à s’affranchir de sa rigidité initiale, comme en témoignent son interprétation toute en lâcher-prise des Cornichons de Nino Ferrer au karaoké du camping ou sa bravade face au rival de Félix.
Un film plaisant, plus profond qu’il n’y parait.
8/10
Critique parue initialement sur le MagduCiné
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le 9 déc. 2021
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