Mélodies enfermées

Encore une belle surprise pour un film vu à l'aveugle au cinéma de Saint Paul Trois châteaux. On paye sa place sans savoir ce que l'on va voir. Original comme le furent les cinexpériences parisiennes auxquelles j'ai souvent participé.
Etienne Comar avait été remarqué comme scénariste pour le film Des Hommes et des Dieux en 2010. Depuis, il a produit une quinzaine de films et réalisé Django en 2017, avec Reda Kateb, avant de se lancer dans A l'ombre des filles, son deuxième film.
Certes, le sujet de la chorale en prison a déjà été vu et revu, ce qui pouvait s'avérer être un handicap.
Mais avec une mise en scène assez plate et très dépouillée, le réalisateur s'est plus centré sur les personnages plutôt que sur le thème du film, hélas, sans trop approfondir les personnalités. D'autant que le mélange d'acteurs et actrices professionnelles avec de vraies taulardes pouvait prétexter un travail plus développé.
Alex Lutz, qui interprète Luc, un chanteur lyrique, en panne suite au décès de sa mère, mais aussi à cause du confinement, est chargé d'apporter un peu d'émotion au travers de cours de chant proposés à des femmes en prison. Il y a Catherine, interprétée par Agnès Jaoui, au caractère bien trempé, mais dont on ne saura pas grand chose, Carole, excellente Veerle Baetens, et surtout Noor, très bien interprétée par Fatima Berriah, la provocatrice et un peu bagarreuse de service. L'ensemble est peut-être un peu trop lisse, bien qu'on comprenne que les rivalités entre prisonnières et l'enfermement ne facilite pas la vie communautaire. De plus, les locaux neufs et tout blancs de la prison affadissent l'image qui manque un peu de profondeur.
C'est un film sympathique, agréable, brillamment interprété par Alex Lutz, mais je dirai que cela est un peu court pour en faire un chef d'œuvre.
Ce film sort le 13 avril. A voir, c'est certain.