“Héros de demain, levez-vous pour votre mère Patrie”
Cette idée résonne et bouillonne dans les têtes fraîches et les corps vigoureux de ces jeunes écoliers, naïfs et impressionnables. «Allons-y joyeusement ! Faire la guerre dans de beaux uniformes… ».
D’abord on badine, puis on apprend à être soldat. Marcher droit et en ligne, porter le fusil et se jeter à terre. La boue ne nous fait plus peur. Et puis vient la vraie de vraie. Une guerre qui se dessine dans les regards effarés de jeunes recrues à leur arrivée au front. Les bruits assourdissants, la poussière et l’agitation, voilà une introduction qui marquera ces agneaux au bord du sacrifice.


La Faim.
Personne n’avait prévenu que la guerre se faisait le ventre vide, dans l’attente d’un bout de pain rassis au milieu des rats. Disette crasseuse dans les tranchées, ainsi va la vie pour la 2e compagnie.


Le Bruit.
Explosions incessantes, sifflement violent, souffle agonisant. Ce fracas habite les crânes et tourmente les raisons. Le Silence devient or, la vie devient calvaire. To die, to sleep – No more…


La Folie.
Aliénation des hommes perdus. Trous noirs où l’on s’enfonce, enterrés par la peur, le manque, l’envie de fuir les délires oppressants. Stigmates laissés par des images terrifiantes.


La Perte.
Tant d’amis mutilés, fracassés, trépassés. La chambre des mourants a vu passer tant de vies gâchées. Non, la mort n’a rien de romanesque et l’héroïsme n’existe que dans l’esprit de ceux qui font les guerres de loin.


La Guerre.
Qui a commencé ? Pourquoi ? Questions dont les réponses inexistantes ne changeront pas grand-chose à ce conflit intemporel. Les bottes qui s’embourbent dans ce marasme sanguinaire sont les nôtres. Ces ennemis qui tombent au rythme d’un carrousel tournant ne sont finalement que des hommes, comme nous.


Que reste-t-il à part des étrangers qui n’ont nulle part où rentrer ? Des rêves brisés, des enfants meurtris, et beaucoup d’autres disparus. Leurs noms, oubliés. Leurs visages, anonymes. Perdus à jamais dans des champs de croix infinis.


Le papillon ne volera plus désormais.


1930, Lewis Milestone donne une leçon de cinéma et nous offre un film au message pacifiste qui sera malheureusement bien vite oublié.



L’homme est un animal qui toujours recommence.


Lilange
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le 19 sept. 2018

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