Avec les Coen ces dernières années, pour moi c'est un peu un film sur deux.. voir sur trois. Burn after reading m'avait profondément ennuyé et je me réjouissais de les voir travailler sur un projet sans acteurs trop connus et un sujet un peu plus sérieux. Et dans l'ensemble le film ne m'a pas totalement emballé. Bien sur, les acteurs sont formidables, la réalisation léchée, bref, leur travail formel reste tout à fait appréciable. J'ai un soucis avec leur script. Ou plutôt, j'ai un soucis avec l'agencement de leurs séquences, qui m'a rendu le film quelque peu désincarné. Comme s'il lui manquait une substance centrale à laquelle je puisse me rattacher. Et cela quand bien même le récit de Larry reste finalement plutôt complexe. Une sorte de Job moderne dont on suivrait les premiers instants de sa "malédiction" et qui, progressivement, perd le contrôle de son univers et se retrouve finalement esseulé, face à la misère de son frère. Un homme sérieux, peut-être, mais un homme qui peine à réellement se prendre en main, à s'imposer quand cela se veut nécessaire et qui va chercher secours auprès d'hommes desquels il attend des réponses alors qu'il ne prêtera pas réellement attention à leurs remarques. L'absurdité du monde qui l'entoure pourrait être le fruit d'une équation mathématique (comme le démontre son rêve), mais au lieu de laisser ses questions s'évaporer comme une rage de dents, Larry s'essoufle à agir sur tous les fronts. Et laissera finalement évacuer ses frustrations dans ses rêves. On ressort du film (du moins je) avec plusieurs interrogations, sur la finalité de cette histoire, ce sursaut d'espoir que l'on pourrait croire anéanti par ces images finales (le téléphone du médecin, la tornade qui s'approche) quand bien même, derrière des apparences dramatiques, il se pourrait finalement qu'il n'y ait rien de bien grave.

Finalement, c'est comme lorsque au tout début du film, le vieux rabbin s'en va dans la tempête, un couteau planté dans le coeur et que le couple se demande alors ce qu'il adviendra d'eux. En cela, on se retrouve totalement dans le fonctionnement des rabbins qui préfèrent poser de nouvelles questions plutôt que de donner des réponses aux interrogations de chacun.
Colqhoun
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le 6 août 2010

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