Difficile de donner tort à Dupontel le monde dans lequel nous vivons est alimenté par une absurdité quotidienne. On vire les gens qui ont acquis de l’expérience pour placer des jeunes qui n'en ont pas, mais qui sont aux yeux de l'entreprise plus disponible, plus maniables et qui ont des rêves de carrière. Il y a là une vraie matière à exploiter et ce système n'en manque pas, car plus on avance et plus la stupidité humaine et la communication prennent la place sur les choses fondamentales. Dupontel tente de parler de cela, mais il n'aborde pas son sujet en profondeur, il ne fait que de l’effleurer. Tout n'est attaqué qu'en surface ici, que ce soit pour le personnage de Jean-Baptiste, Suze, Serge, la donne reste la même pour chacun d'entre eux. Pourtant il y a de quoi dire et surtout d'attaquer cette sottise qui envahit jour après jour notre société. Dupontel prend un peu de si un peu de ça et fourre le tout dans un scénario ultra bancal. Les situations s'enchainent sans aucune cohérence narrative. Les personnages suivent un parcours écrit n'importe comment, tant qu'ils arrivent où Dupontel veut les emmener ça ne pose aucun problème au réalisateur et scénariste qu'il est. Les gags autour de Serge qui est devenu aveugle après un tir de flash-ball sont poussifs à l'extrême. Ils sont tellement lourdauds qu'ils sont plus affligeants que de drôle. Le voir exploser une ligne de rétroviseurs quand il se poste derrière le volant d'une voiture, ou l'entendre parler d'un quartier qu'il décrit à Suze alors que tout à changer, ce ne sont que des gags pauvres et faciles. Quand Dupontel parle de son cinéma il fait souvent allusion aux films de Chaplin qui tout en ayant un fond tragique arrivent toujours à trouver la faille comique aux horribles situations que vivent ses personnages. Si Dupontel comprend le cinéma de Chaplin, il est loin de savoir comment l'appliquer. Adieu les cons est censé refléter notre société, seulement le monde dépeint est trop fictionnel, impossible donc de sentir la moindre implication de la part du spectateur. Visuellement le film est vraiment laid, entre cette image jaune horrible et les plans de court métrage qu’affectionne Dupontel c'est un cauchemar esthétique. L'homme n'a jamais été vraiment bon de ce côté là, mais dans au revoir là-haut tout ça avait été mis de côté. Certainement qu'il y avait plus de budget et que les producteurs lui avaient filé un directeur photo digne de ce nom. Efira est bien plus efficace que d'habitude, son jeu est bon, Nicolas Marié et Philippe Uchan ont font toujours trop, comme à leur habitude. Si le film a une tonne de défauts, il reste quelques rares scènes qui fonctionnent, seulement elles nagent en plein marasme. Dupontel sera toujours cet élève qui déborde d’énergie, mais qui manque d'application. Créer un univers c'est bien, mais il faut savoir le maitriser.