« Ali Zaoua prince de la rue » est le deuxième long métrage du réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch. Film ambitieux, intéressant mais partiellement raté quant à la forme. Pourtant, la mise en place est remarquable, avec en premier une interview d’Ali, récit fictionnel fait pour horrifié, élément sensationnel que sont venus chercher les journalistes, peu intéressés par ailleurs à la vraie vie des gosses. Après le « coupez » commence un descriptif presque documentaire sur le vif du monde de ces enfants des rues, avec leur misère et leurs rêves. Cette mise en place se termine sur la mort brutale d’Ali au cours d’une rixe. S’en suit un voyage initiatique dans ce monde fait d’un mélange de souffrances réelles quotidiennes et d’onirisme salvateur, sur fond de snif à la colle. Prisonnier d’un scénario très écrit (trop ?), le réalisateur peine à quitter le verbe pour le visuel, tombant dans une mise en scène à la fois académique et théâtrale, au fil de bavardages pas toujours intéressants. Heureusement, certains passages (la lycéenne, la mère prostituée, la découverte de la chambre d’Ali, la vue aérienne de la jetée, symbole de la frontière sociale) annoncent déjà les futures qualités de mise en scène du cinéaste : la force d’images aussi sensibles qu’explicites. Le dernier quart d’heure de haut niveau, évitant tout aspect lacrymal, permet au film de se hisser largement au dessus de la moyenne.