Je me suis laissé convaincre. Il n'en fallait pas beaucoup me direz-vous sans doute, vu, que vous, chers abonnés, et moi, nous commençons à nous connaître. Sauf que je n'avais vu aucun des précédents American Nightmare... Ses Origines me semblaient donc une porte d'entrée idéale... Et un moyen détourné d'aller un petit peu plus loin avec elle, de provoquer la communauté de sentiments que je recherchais depuis si longtemps après quelques rendez-vous tendres que j'attendais toujours avec appétit, trop espacés à mes yeux me semblaient-ils.
La lumière de la salle s'estompe et dès les premières minutes, ma Belle sursaute. A plusieurs reprises. Je me retourne vers elle dans un sourire amusé et complice, en lui soufflant qu'elle est bon public et impressionnable.
Car il faut se rendre à l'évidence et admettre que American Nightmare 4 : Les Origines, commence sans passer la surmultipliée, en prenant le temps de présenter ses personnages, tout en alignant, malheureusement, les archétypes raciaux et d'exploitation sociale de la communauté opprimée et solidaire, tout en faisant prospérer, en fond sonore, une critique et un état des lieux de la droitisation des esprits US, de la manipulation dont ils sont passés maîtres et la radicalisation de leur position, le tout dans un film honorable, punchy mais sans réelle surprise, même pour un néophyte comme le masqué.
La nuit tombe et les masques s'animent, grimaçants, inquiétants, les yeux bleus magnétiques qui déchirent les ombres s'ouvrent et partent en chasse. La purge commence, toujours, cependant , en s'appuyant sur un communautarisme parfois trop archétypal, trop évident, misant encore une fois, même si cette manoeuvre sert le propos du film, sur l'oppression et l'instrumentalisation d'une violence mise en scène, attisée, servant de plus sombres desseins encore.
Toutefois, si American Nightmare 4 ne réinventera jamais la roue du film contestataire et politique, ses accents fantastico-dystopiques, son boogeyman couturé qui loupe de peu le mythologique érigé comme un patient zéro de l'infection de la violence sans frein, confèrent à l'oeuvre un certain charme, tout comme ses affrontements privilégiant peu à peu le corps à corps nerveux et l'usage des armes blanches.
Ma Belle a parfois caché ses yeux de ses mains fines et pâles que je caressais de temps à autres. Mais à la fin de la soirée, quelque chose n'était plus là. Comme si le masqué s'était rendu compte, comme le film qui ne pouvait prétendre au statut contestataire dont il semble se prévaloir, qu'il s'accrochait malgré toute évidence à une illusion dont il réalisait, dans le silence de son coeur qui soudain avait été transpercé d'une balle, toute la tristesse. Une illusion qui l'apaisait un peu jusqu'ici. Et derrière le masque, toute la mélancolie de ce qu'il ne trouvera sans doute jamais plus. L'illusion s'est évanouie, comme tombe le masque des participants à cette première purge honorable mais imparfaite.
Behind_the_Mask, loin d'être un ghetto blaster...