American Sniper par Ben Ric

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American Sniper est donc le récit des mois de guerre vécus par Chris Kyle, un US Navy SEAL réputé pour ses qualités de tireur d’élite et rapidement considéré comme un héros par ses condisciples qu’il protège à chaque sortie sur le terrain. Bien planqué sur les toits des villes, il guette, l’œil bien collé au viseur de son fusil, prêt à dégommer le premier irakien susceptible d’attenter à la vie de ses potes.
Assez classique dans sa construction – on pense notamment au film de Cimino Voyage au bout de l'enfer mais dans une version raccourcie – avec toutes les étapes clé de la vie du soldat : l’enfance, l’incorporation, la formation, le mariage, la fondation d’une famille, le combat..), American Sniper n’est pas le film bas du front annoncé ici et là. Car de supposée cette machine de guerre, incarnée par un Bradley Cooper très convaincant, très juste, très sobre, Clint Eastwood réussit à tisser un portrait assez subtil et nuancé dont il ressort une certaine humanité notamment dans les scènes de famille qui viennent s’intercaler entre les missions en Irak, et cela sans jamais appuyer sur la touche émotion facile.
Comme dans ces grands films sur le Vietnam, derrière sa façade, derrière ce côté film à la gloire des Marines et de l’Amérique, American Sniper, est avant tout un film sur les dégâts collatéraux engendrés et sur ces soldats qui doutent et qui se font broyer par la machine, comme une sorte de rêve américain brisé.
Porté par une mise en scène pleine de rythme, un montage serré et un scénario plein de tensions et de péripéties, American Sniper est bien le meilleur film de Clint Eastwood depuis des lustres.