Amityville : La maison du diable fait partie de ces classiques du cinéma d’angoisse. Le film est tiré d’un livre, basé sur une histoire vraie alimentant de nombreuses rumeurs depuis des décennies.


Une famille, les Lutz, emménage dans une maison où auparavant une autre famille avait été tuée par le fils aîné, déséquilibré ou possédé selon la version. Les nouveaux arrivants vont connaître différents phénomènes inexpliqués, leur faisant croire que la maison est hantée. Ils la quitteront au 28ième jour de leur emménagement.


Le livre est paru en 1977, et depuis de nombreux spécialistes ou se présentant comme tels se sont étripés sur la nature de ces événements, tels que les époux Warren, que les amateurs de films d’horreur connaissent grâce à la saga des Conjuring. Le tout avec quelques poursuites judiciaires. La maison était-elle bien hantée, ou n’était-ce qu’un canular de la famille Lutz ? Des arguments sont valables de chaque côté.


Heureusement, cela n’enlève rien aux qualités du film. C’est American International Pictures, une société de production indépendante qui a senti le filon. Bien que le livre ait été écrit par Jay Anson, scénariste et réalisateur, un habitué donc, c’est Sandor Stern qui se chargea de l’adaptation, assez fidèle. A la réalisation on trouve Stuart Rosenberg, plus habitué aux films dramatiques.


Ce qui se ressent dans le film, très avare en effets spéciaux, qui préfère utiliser d’autres astuces pour instiller l’angoisse nécessaire. Cela passe par le cadrage, et un montage assez lent, qui laisse du temps à chaque scène. Mais aussi en filmant au mieux ses deux acteurs principaux, très convaincants dans leurs rôles.


Mise à part la petite Amy, les enfants sont assez peu présents. C’est bien le couple qui est en première ligne, subissant non seulement l’ambiance étrange qui s’installe, mais étant aussi de plus en plus marqués par l’expérience. James Brolin est le père de famille, sympathique au début, de plus en plus taciturne et fatigué, aux yeux tirés, au regard fou. Il devient un danger, annonçant le rôle de Jack Nicholson dans Shining. La belle Margot Kidder est douce et tendre, mais ce qu’elle vit finit par la marquer dans la chair et dans son esprit. Malgré leur scepticisme sur la véracité des faits, ces deux acteurs se sont pourtant pleinement investis dans leurs rôles, à la limite de la possession pour James Brolin même.


Le film Amityville captive. Malgré les années, il a gardé une certaine force dans l’angoisse qu’il arrive à créer. Il relance constamment son intérêt avec de nouveaux cas étranges, qui ne sont parfois que des simples suggestions ou des fausses pistes. Mais il y a aussi un effet de répétition qui peut lasser, notamment avec les portes et les fenêtres qui ont un peu trop souvent la tremblotte, ou la venue de nouveaux arrivants qui déclarent ne pas s’y sentir à l’aise. Ce qui est arrivé semble fidèle aux événements racontés, et c’est peut-être ce qui a aussi bloqué l’adaptation. Mais le livre parle aussi de meubles qui bougent, de voix entendues ou de bruits de pas, qui auraient pu être intégrés.


L’écueil principal est cependant la trop grande part accordée au prêtre, venu bénir la maison et qui semble depuis hanté par l’esprit de celle-ci, s’opposant à sa hiérarchie pour venir en aide à la famille Lutz mais qui finalement ne les croisera jamais. Au vu de ses nombreuses scènes, cela alourdit la narration, alors qu’il n’a pas de rôle important dans celle-ci. Le succès de L’Exorciste a peut-être poussé à mettre en avant ce personnage, mais le film aurait gagné à se resserrer sur la cellule familiale en proie aux caprices de la maison.


C’est presque jour après jour qu’on assiste, captivés, à la suite des événements subis par les Lutz, incarnés par deux acteurs très investis. La fin s’emballe d’ailleurs, au point de se terminer peut-être trop abruptement. C’est dans cette conclusion que le film s’apparente le plus à un film d’horreur, avec des effets assez bien réussis. Amityville use peu d’artifices, mais quand il le fait c’est avec un certain brio. Malgré les années, la maison a gardé de sa puissance d’évocation, à l’image de sa façade arrière, iconique, comme le film.

SimplySmackkk
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le 3 juin 2020

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