Premier film du duo Gerard Bush/Christopher Renz, Antebellum raconte l'histoire de Veronica Henley, une noire américaine docteur en sociologie et militante de gauche intersectionelle, kidnapée et maintenue en esclavage dans la reconstitution d'une plantation de coton du XIXe siècle.
Ce postulat de départ et l'esthétique du film s'inscrivent totalement dans la continuité du cinéma de Jordan Peele, ici producteur. Malheureusement, malgré quelques fulgurances visuelles, Antebellum peine à s'émanciper de l'ombre de ce dernier et trouver une identité propre. De plus, le métrage s'essouffle rapidement après le retournement de situation.
Le point où le film pèche le plus c'est au niveau du discours politique qui nous est asséné avec la subtilité d'un pachyderme paranoïaque. On nous explique (grossièrement) qu'être blanc et républicain en 2020 signifie souhaiter le retour de l'esclavage, au moins métaphoriquement si ce n'est concrètement (chose plutôt amusante quand on sait que le parti républicain a été fondé par des nordistes et repose sur des bases profondément anti-esclavage). D'ailleurs le titre, Antebellum, littéralement en latin "avant la guerre" est généralement utilisé aux E-U-A pour désigner la période de tension précédant la guerre de Sécession. Difficile de ne pas voir dans ce titre une annonce des réalisateurs : les américains vivraient actuellement les prémisses d'une nouvelle guerre civile qui verra s'affronter les "gentils racisés" contre le "méchant patriarcat blanc".
Dommage que ce militantisme sans nuance ainsi que la difficulté des réalisateurs à s'affranchir de Peele nuisent au film. Mais malgré ces défauts Antebellum reste somme toute prometteur. Reste à voir ce que Gerard Bush et Christopher Renz nous proposeront une fois qu'ils auront pris en maturité.