Remake du long-métrage britannique The Sweeney, lui-même adaptation ciné de la série "Regan", méconnue en France et apparue sur le petit écran dans les années 70, Antigang réussit le tour de force de ne pas sombrer dans le copié-collé ringard ou – pire encore – le remake plan-plan façonné mollement pour le public franchouillard. Non, Benjamin Rocher (co-réalisateur de La Horde et Goal of the Dead) sait quoi faire de son scénario pré-mâché et évite les écueils du genre.
Menée par un Jean Reno plus proche de son rôle de Jean-Louis Schiffer que du Commissaire Niemans et accompagné – entre autres – du déjanté Alban Lenoir et de la belle Caterina Murino, l'équipe de flics proposée ici brise les codes du polar en nous présentant de joyeux lurons toujours dans la déconne, aux méthodes dingues (ça fracasse du bad guy avec une batte de base-ball ou un bélier customisé, au choix) et à la fuck you attitude omniprésente. Et si l'intrigue n'est pas très originale en soi (même pour un remake), le scénario parvient à nous tenir en haleine jusqu'au bout.
Commençant plutôt mal avec une citation louant la légende de Johnny Hallyday et une bagarre un peu guignolesque, Antigang se rattrape très rapidement grâce à des séquences d'action complètement folles et une bonne humeur communicative en dépit des drames intervenant peu à peu au fil du récit. Sanglant, décomplexé au maximum et réellement jouissif de bout en bout, le long-métrage, bénéficiant par ailleurs d'une photo exemplaire et d'une mise en scène envolée, se compare à un bonbon délicieusement consommé avec un verre de Coca frais. En somme, ça fait du bien de voir que certains projets français peuvent se tarir de n'être que ce qu'ils sont : des séries B décoincées comme on aimerait en voir plus souvent.