La licence cinématographique DC Comics prend l’eau. Elle peine à convaincre, suscitant les quolibets de Marvel. Or, un blockbuster, cela se prépare, se compose, se mijote. Pour limiter les risques, quoi mieux que de recycler les bons coups ? Les ingrédients qui ont fait leur preuve. Par exemple, je vous propose d’associer :
Pour héros, un clone hawaïen et brun du blond Thor. Il sera maous costaud, tatoué et arborera, à défaut de marteau hasgardien, un trident magique doré ;
Un demi-frère pénible, en mode Loki, jaloux et caractériel ;
Une biture homérique avec ses potes – une scène accélérée, il s’agit de ne pas faire fuir les enfants – une douce réminiscence d’Un dernier pub avant la fin du monde ;
Un sympathique mentor aux faux airs de Bouffon Vert, le frère ennemi de Spiderman ;
Une Nicole Kidman, égale à elle-même, en mère sacrificielle ;
Une famille délétère aux dilemmes shakespeariens : mon demi-frère a pris mon royaume, mon beau-père a tué ma mère, je suis amoureux de la fiancée de mon frère et mon père est dépressif ;
Un méchant américain, ancien Seal reconverti dans la piraterie, objectivement un poil léger pour affronter un superhéros aquatique ;
Une baston dans un cirque, tirée de Gladiator ;
Une séquence Indiana Jones, une quête à l’artéfact magique, où le roi des océans se révèle aussi archéologue et féru en histoire latine ;
Une fort plaisante poursuite sur les tuiles romaines ensoleillés de Sicile, en mode Jason Bourne ;
Un giga Kraken qui ravale celui de Pirate des Caraïbes au rang de vulgaire poulpe de bassin ;
Une bataille spatiale digne du meilleur Star Wars, sauf que c’est sous l’eau, les vaisseaux y sont innombrables, à quand la licence Lego ?
Une émouvante retrouvaille, du type « je suis ton père », mais avec la mère ;
Sans omettre une gentille, mais néanmoins combative, princesse ;
À défaut d’acteur chinois, un réalisateur d’origine chinoise, James Wan (le gars de Fast and Furious 7) fera l’affaire.
Vous insérez le tout dans des paysages tirés de National geographic.
Saupoudrez de musique héroïque. .
C’est fait.
Le résultat, c’est long, passablement indigeste, mais efficace. Avec plus de 1 milliard de recettes, Aquaman sauve momentanément le DC universe et son producteur, la Warner Bross, repoussant un temps l’échéance fatale, le rachat de la licence par Disney, le GAFA universel du divertissement.
5,5