Entre ici Cirio H. Santiago et ton cortège de bisseries philippines. Le brave a pour une fois quitté ses terres post-apocalyptiques et nous propose à la place un film de tatane sexy avec le pitch bien usé de la spécialiste martiale qui part à la recherche de sa sœur disparue dans un pays hostile. Au programme : des narcotrafiquants organisateurs de tournois mortels en cage (tout un courant du cinéma d'exploitation), un décorum philippin 70's qui fait saigner des yeux (pour amateur de papiers-peints, nightclub et sbires à chemisettes colorées moulantes), une jolie tataneuse qui n'hésite pas à tomber le soutif pour rosser du vilain et une histoire d'amour dangereuse.


Pure série B de son époque, Attaques à mains nues sait que ce qu'on attend d'elle et balance de la baston sans toujours chercher à la justifier : Susanne rentre à son hôtel ? Des cambrioleurs lui tombent dessus. Elle se rend dans un bar ? Les clients s'en prennent au patron (ambiance Bud Spencer doublé par la VF de Stallone éclate du menu fretin par grappes de 12). Elle se promène dans la rue ? 2 violeurs d'un haut niveau martial la prennent en chasse. Cette scène est d'ailleurs assez marquante car au-delà du fait que Jillian Kesner s'y bastonne à poil, elle parvient à être simultanément glauque et nanar, avec un beat entrainant de zik psychédélico-angoissante.


Ce côté cheasy se confirme dans certaines fulgurances nanars qui mettent de bonne humeur : le mâle alpha du film, Chuck (le bien nommé), est un ravissement sans fin pour qui kiffe la combo moustache-choucroute capillaire-veste en jean avec motifs "La Nature sauvage". Il participe d'ailleurs à une scène d'amour des plus étranges où il lacère langoureusement l'intégralité des fringues de Susanne, avant d'à son tour subir les mêmes tourments érotiques, mains contractées et bouche entrouverte d'extase. La malaisance marrante comme nouveau paradigme de la dissonance cognitive.


N'oublions pas la présence toujours sympathique d'un Bruce-fake (Rey Malonzo), du célèbre Vic Diaz ("Vic Diaz reigns supreme as the jolly evil fat man of Filipino exploitation cinema" dixit imdb), de Ken Metcalfe (trogne gweilo vu dans moult bobines du même genre mais aussi producteur de Portés Disparus), des habituels Pigs in Space planqués parmi les figurants et du cascadeur à perruque qui tente de masquer les insuffisances martiales de Jillian Kesner. On ne s'ennuie pas devant cette kitscherie qui s'avère un représentant honnête du ciné d'exploitation de cette époque.


A noter la présence sur le DVD du Chat qui fume (à la restauration très grindhouse et donc cohérente avec le film) 2 courtes scènes coupées, étonnamment doublées en français, qui apportent une recherche de caractérisation psychologique intéressante de Chuck dans ce qu'elle justifie de son rapport au meurtre. Cela donne une dimension nettement plus tragique à sa relation avec Susanne et à la conclusion du film. Cirio H. Santiago a dû prendre peur de perdre son public et a donc tout bazardé pour pas gâcher le plaisir de voir des nichons gratuitement et des planters de bâtons oculaires. La sagesse du bis.

Créée

le 13 août 2020

Critique lue 338 fois

2 j'aime

Critique lue 338 fois

2

D'autres avis sur Attaque à mains nues

Attaque à mains nues
Pascoul_Relléguic
7

Critique de Attaque à mains nues par Pascoul Relléguic

Entre ici Cirio H. Santiago et ton cortège de bisseries philippines. Le brave a pour une fois quitté ses terres post-apocalyptiques et nous propose à la place un film de tatane sexy avec le pitch...

le 13 août 2020

2 j'aime

Attaque à mains nues
RENGER
4

Du cinéma grindhouse en bonne et due forme

Attaque à mains nues (1981) est une SérieB réalisée par le philippin Cirio H. Santiago & produit par Roger Corman, mettant à l’honneur la très charmante Jillian Kesner. Cette dernière doit partir...

le 3 mai 2020

1 j'aime

Attaque à mains nues
Heurt
6

Défence à seins nues.

Une nouvelle fois c'est le bistrot de l'horreur qui m'a donné l'envie de voir ce film. Il est toujours amusant et difficile de prendre au sérieux ces acteurs blancs à moustache qui se prennent pour...

le 20 mars 2017

1 j'aime

Du même critique

Miraculous - Le film
Pascoul_Relléguic
4

Critique de Miraculous - Le film par Pascoul Relléguic

Découvert avec ma fille en avant-première, le film s'avère rapidement déroutant avant de virer au décevant pour qui connait un tant soit peu la série originale : Miraculous the movie est en fait plus...

le 14 juin 2023

13 j'aime

The Dead Don't Die
Pascoul_Relléguic
2

Quand l'hommage vire à l'escroquerie

Au début, j'ai trouvé le film gentiment intrigant ; par la suite, j'ai ressenti ça comme sans intérêt ; à la fin, j'ai conclu à une détestable escroquerie. Jarmusch s'est contenté de fragmenter toute...

le 14 mai 2019

11 j'aime

Undone
Pascoul_Relléguic
9

La folie est parfois la meilleure manière de s'adapter à la réalité

Undone ne fait pas les grands titres et c'est bien dommage car voilà une série qui le mérite. Alma est meurtrie par la mort de son père durant son enfance et elle tente de se construire en tant...

le 19 avr. 2020

8 j'aime