Pour moi, la meilleure manière de dépeindre parfaitement une époque, au cinéma, a toujours été la mise en place d'une histoire fictive passionnante dans ce contexte historique. Avec Au revoir là-haut, Albert Dupontel, sur des bases de Pierre Lemaitre, réussit totalement ce pari ! En étant plongé dans cette histoire captivante, on en apprend énormément sur les rouages cette société d'après-guerre 14-18.


Les meilleurs films ne contiennent pas nécessairement les meilleurs histoires, de mon point de vue. Mais lorsque c'est la cas, c'est déjà un très bon point ! Et l'histoire de cette référence du cinéma français (ouais déjà) nous emporte dès le début, et nous agrippe jusqu'à la fin, en étant à la fois intense, émouvante, drôle, et poétique. C'est ça Au revoir là-haut ! Un sens de la dramaturgie exemplaire, qui se fait finalement très rare. Ce n'est plus si facile que ça de raconter une histoire neuve et poignante, à travers un film, pour des spectateurs qui ont déjà tout vu. Bien sûr, on doit cette fiction en grande partie à Pierre Lemaitre. Mais Albert Dupontel y ajoute sa touche personnelle, en modifiant notamment la fin de cette oeuvre, afin de boucler ce récit comme il le souhaitait. Et sans rien dévoiler évidemment, c'est une fin très belle par certains aspects, et jouissive par d'autres.


Tout ça servi par de nombreux personnages haut en couleurs et en personnalités, tous magistralement incarnés par leurs acteurs. On déteste autant ce Pradel horriblement vicieux, que l'on s'attache à nos deux héros, en particulier. D'un côté, il y a Maillard, ce genre de personnage simple et maladroit, que l'on soutient à fond tout le long du film ! Même lorsqu'il s'en prend à des estropiés, on ne ressent pas la moindre colère envers lui, mais plutôt de la peine. Et de l'autre, il y a le jeune Edouard, cet artiste à fleur de peau, qui semble s'être échappé d'une pièce de Comedia dell' arte, avec évidemment ses masques somptueux, sa gestuelle atypique, son regard intense qui traduit sa grande sensibilité. C'est à la fois un personnage central et un élément de décor du film, car il apporte une vraie touche esthétique à ce cadre des années folles, déjà superbement reconstitué avec les décors et les costumes.


Le film est de toute façon, très réussi également du point de vue visuel ; avec cette mise en scène qui confirme le fait que Dupontel tient à ne jamais faire dans le convenu et le classique. Il nous offre des plans avec des points de vus surprenants et très bien pensés pour marquer visuellement. Il ballade sa caméra lors de certains plans-séquence dansant, qui servant parfois le suspens (je pense notamment à la scène où Maillard se cache de Pradel, chez les Péricourt). Il met de la vie dans son film, par le biais de cette mise en scène audacieuse ! Et c'est un pur plaisir !


Vous l'aurez compris, j'adore ce film dont l'histoire m'a pris aux tripes dès ses premières minutes (la scène dans les tranchées est aussi cruelle qu'impressionnante), et dont la mise en scène et les personnages m'ont émerveillé ! C'est sûrement LE film français de cette fin d'année, parce que c'est tout simplement un film avec une ambition de dingue, et qui a réussi à dompter cette ambition.

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le 30 sept. 2017

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