Annoncé comme une version moderne de "Autant en emporte le vent", la nouvelle oeuvre de Baz Luhrmann, le réalisateur de la trilogie du ''rideau rouge'' ("Ballroom Dancing", "Romeo + Juliet", "Moulin Rouge!") était d'ores et déjà située dans une esthétique aussi risquée que prétentieuse, en se comparant de la sorte à l'un des plus grands films du patrimoine cinématographique. Quoiqu'il en soit, le réalisateur retrouve pour "Australia" la muse de son précédent film, Nicole Kidman, qui incarne cette fois-ci une anglaise de la haute société, Lady Sarah Ashley, dont le comportement très maniéré fera rire plus d'un spectateur. Et c'est justement cet humour omni-présent qui s'avère l'un des points les plus surprenants du film, étant donné que celui-ci s'affichait avant tout comme un drame historique. Loin de déplaire, l'humour prend le spectateur à contre-pied, lui assurant quelques rires aux éclats (on repense encore à ces kangourous). Par la suite, bien qu'il ne disparaisse jamais vraiment, le ton humoristique du film s'évanouit au profit d'une dramatisation attendue de l'histoire. Si le réalisateur vise très juste à plusieurs reprises, notamment lors de la scène où Lady Ashley assène un coup de cravache sec à l'agaçant protagoniste qu'incarne David Wenham, il s'adonne parfois à un sentimentalisme nauséabond, qui alourdit grandement le film.

En revanche, l'élément qui pourrait déplaire le plus fortement au plus grand nombre de spectateurs, est le récit-même de Luhrmann. En effet, dès les premières images, le film s'affiche comme un conte; emploie les mêmes éléments et spécificités narratives, évolue comme tel et, le plus gênant, se termine comme tel. Certaines séquences sont ainsi victimes d'une dramatisation grandiloquente plutôt malvenue, notamment lors de la conduite du troupeau, voire malsaine, lorsqu'elle est liée au sujet presque tabou des ''Générations Volées'' (ces enfants aborigènes qui ont été enlevés et soumis à une éducation chrétienne forcée). Un sujet d'ailleurs survolé, noyé dans la quantité astronomique de thématiques qu'aborde le réalisateur.

A l'instar de Clint Eastwood dans son précédent film, "The Changeling", Luhrmann rend hommage au cinéma classique hollywoodien, en s'appropriant l'esthétique des films qui appartiennent à cette époque-ci. Une époque chère au réalisateur, sans aucun doute, puisqu'il va même jusqu'à citer ouvertement "Le Magicien d'Oz", et à insérer des extraits du film de Victor Fleming. Le résultat s'avère saisissant: les personnages sont entièrement magnifiés par des plans panoramiques de ces terres sauvages d'Australie. Mais dans ce cas, pourquoi diable Luhrmann n'a-t-il pas délaissé ses effets de style clipesques, qui vont entièrement à l'encontre de ses intentions? En effet, ses énormes accélérés de mouvement de caméra autour des décors sont totalement malvenus, et hors-contexte.

Dommage donc que Luhrmann n'ait pas abandonné ses tics de réalisation, qu'il se laisse envahir par quelque tendances mégalomaniaques (l'utilisation d'effets spéciaux approximatifs pour sublimer la beauté de certains plans ne convainc absolument pas), et qu'il sacrifie ses bonnes intentions sur l'autel du sentimentalisme, véritable aimant à spectateur friand de drames larmoyants, afin d'assurer au film un minimum de rentabilité. Dommage.
loval
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le 17 juin 2010

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