Ava
4.4
Ava

Film de Tate Taylor (2020)

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Boire ou tirer, il faut choisir

Je n'ai pu ressentir qu'une seule émotion devant ce film : la pitié.
Pitié pour un film qui partait d'un bon sentiment, qui avait des arguments pour plaire, mais qui se vautre dans les grandes largeurs.


En principe, ce genre d'actionners classiques est plutôt ma came. Dérouler le tapis rouge à un ou une comédienne qui va castagner du méchant pendant 1h30, moi ça me va sans problèmes. Et pas besoin d'être un grand artiste martial pour que ça fonctionne. Les meilleurs exemples récents étant Charlize Theron et Notre Père qui êtes aux Cieux Keanu Reeves.
Jessica Chastain aurait aimer faire partie de ces acteurs-là.


Je sens que le film avait des intentions. Qu'il voulait parler de la détresse émotionnelle d'une tueuse qui ne parvient pas à être aussi professionnelle qu'elle le devrait, en décalage complet avec ses proches dont elle est forcée de rester à l'écart. On sent aussi l'envie de travailler un personnage marqué par la vie et les addictions. Le problème, c'est que tous ces éléments paraissent moins relever de la dramaturgie pertinente que du cahier des charges. Le film ne se focalise jamais sur un problème personnel d'Ava, il veut juste tout traiter à la fois, mais ne parvient jamais à créer un tout homogène. L'alcoolisme d'Ava est abordé dans 1 dialogue, son hésitation à rechuter à peine esquissée et sa rechute finale parait forcée et empêche toute possible évolution du personnage. Pareil pour l'aspect familial, qui sent bon le pathos gratuit, avec en plus un ex qui se met tout seul dans la mouise mais refuse de l'aide pour Dieu sait quelle raison. Plus la relation entre Ava et John Malkovich qui aurait pu être intéressante, mais le film ne parvient jamais à créer une vraie complicité entre les deux, que ce soit par l'écriture des dialogues poussive (mais de manière générale, les dialogues sont extrêmement artificiels) ou l'alchimie inexistante entre les acteurs.
Et lorsque vers la fin du film, vient le moment où toutes les emmerdes cumulées par Ava autant dans sa vie personnelle que professionnelle commencent à lui peser sérieusement sur le moral et après une pathétique scène de baston dans une boite de nuit qui se voudrait percutante mais ne l'est pas du tout, la font replonger dans la boisson et même envisager le suicide, difficile de se sentir impliqué émotionnellement, tant tout ça sonnait creux, forcé, artificiel et atrocement mal agencé dans l'histoire.


Et dire que c'est cette partie dramatique qui occupe pratiquement tout le film...


Car oui, je ne l'ai pas abordé jusqu'ici, mais s'il y a bien une raison pour laquelle ce film est raté, c'est bien à cause de ses scènes d'action ! Et pour un film d'action c'est assez gênant, vous en conviendrez.
On va le dire le plus rapidement possible : Jessica Chastain est nulle. On sent très clairement qu'elle avait envie de réaliser elle-même ses chorégraphies pour faire comme Charlize Theron et Le Très Saint Père Keanu Reeves, et son statut de productrice a bien dû l'aider à convaincre le réalisateur de la laisser faire. Le problème, c'est qu'en choisissant de prendre en charge elle-même l'action à laquelle son personnage participe, elle a complètement oublié de recruter un coach sportif et un chorégraphe. Deux personnes qui auraient pu respectivement l'entrainer à faire des mouvements et des coups crédibles, et lui assurer de donner le change devant les caméras. Soit deux éléments absolument essentiels pour assurer une bonne performance physique ! Parce que même si les acteurs cités plus haut ne sont pas rompus à l'exercice des arts-martiaux et du tir au gros calibre, au moins leur excellente forme physique, leur entrainement et la mise en scène du réalisateur élaborée en collaboration avec le chorégraphe permettent de leur donner une réelle crédibilité à l'écran.
Ava n'a aucune crédibilité. Il faut voir la mollesse avec laquelle elle donne des coups de poings à ses adversaires, réalise des projections coupées en 2 plans différents car il est clair qu'elle était totalement incapable d'en réaliser une elle-même. Et pire que ça, elle est tellement peu apte à l'exercice que les ennemis sont obligés de s'approcher d'elle pour se laisser désarmer, assommer ou tirer dessus de manière complètement débile. Et dès que l'on s'est rendu compte de ça, c'est fini. Le film perd absolument tout, de notre implication dans les scènes d'action à la crédibilité de Chastain en tant qu'agente super-spéciale de la mort qui tue. Si encore le film avait tenté de jouer la carte de la tueuse invisible qui ne se fait jamais remarquer, intellectuelle et qui ne fait pas de dégâts collatéraux ça aurait fonctionné. Mais demander à Jessica Chastain de faire des scènes de bagarre sans visiblement aucune préparation c'est... pathétique, j'ai pas d'autre mot.
Bon, je m'acharne sur Chastain mais je ne devrais pas. Vu qu'en fait les autres "agents spéciaux super entrainés mes couilles", John Malkovich et Colin Farell, sont tout aussi mauvais qu'elle. D'ailleurs l'affrontement entre les deux hommes est clairement la pire scène d'action de tout le film. Donc quelque part il y a parité, c'est bien.
Au passage, il faudra m'expliquer pourquoi Farell, alors qu'il sait qu'Ava a dézingué à elle toute seule une escouade de militaires saoudiens, envoie un type seul l'assassiner (au couteau, bien évidemment, les pistolets ne seraient pas assez "professionnels"), puis tente ensuite d'en finir lui-même au lieu de tout simplement envoyer un escadron entrainé à sa chambre d’hôtel.


La fin du film nous tease une suite, mais Dieu merci j'ai l'impression que ça n'arrivera pas.
Ava fait pitié, Ava a bu quelques verres en trop, Ava a des problèmes avec son ex, sa sœur, sa mère et son taf. Ava traine la patte en espérant nous faire croire qu'elle mettrait KO les dangereux tueurs qui soient.
Ava est juste nul(le).

Arkeniax
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le 15 nov. 2021

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