Video, je vois. Audio, j’entends. Ago, j’agis.
Avatar : Incarnation de Vishnou ou métamorphose d’un individu qui en a déjà subi plusieurs.
Mais aussi apparence que prend une personne dans un environnement graphique informatique. Réalité virtuelle, identité numérique.
On se demande que vient faire un scénario où Neytiri, aka Pocahontas, et Jake Sully, aka John Smith, semblent si proches de leurs aînés que l’on criera au scandale dès le pitch entrevu. Pourtant le titre nous le dit, il ne s’agit pas vraiment de ça.
Vraiment, elle n’est pas tout à fait réelle cette histoire : elle se passe dans un monde aux lumières éternelles, aux créatures sorties d’une imagination extra-terrestre et dont la flore est aussi l’entité vivante qui conditionne l’aventure du héros. Les habitants de cette terre disent de l'homme qu'il est l'alien.
Cette histoire, elle est aussi vécue au mépris de circonstances étranges d’une gémellité hasardeuse, de racines militaires atrophiées, d’une technologie neuronale fictive mais que des objecteurs de conscience pourraient retoquer. Elle est vécue par un gars, sur sa chaise, alimenté d’un réseau électrique indispensable à son existence, propulsé dans le corps d’un autre, lui permettant des prouesses dignes d’une réclame « très-XXe siècle » , l’autorisant à survivre dans un milieu naturellement hostile à ces cellules humanoïdes. Il doit s’y fondre mais aussi se prouver homme dans un univers qui n’est pas le sien, selon des règles que d’autres lui imposent et vers un objectif qu’il peut choisir, à loisir, de suivre et négliger. Tout de même une drôle de mise en place.
Et puis, oui, il tombe amoureux, il fait corps avec cette autre réalité. Il n’est plus tout à fait dans l’aboutissement de sa raison d’être première. Il souhaite y rester, lui, contrairement aux autres. Même si ça le fatigue, même si son corps l’épuise, il y met ses jours alors qu’il y mettait déjà ses nuits. Il ne se nourrit presque plus, il néglige barbes et coiffes. Autour de lui, on s’interroge, on l’a même isolé. Et puis son identité aussi en prend un coup. Il ne sait plus qui il est.
Cependant, héros qui comme Sully, il reste suffisamment lucide pour se rendre compte que ses actes sur ces terres ne changeront rien. Du moins, il le croit, il le dit. Il est désespéré. Alors, il reloade une sauvegarde. Il choisit finalement une autre monture, plus rapide, plus forte, plus puissante. Et même si c'est l'hécatombe autour de lui, ça fait la différence, à tel point qu’il fait enfin corps avec le monde qui l’entoure – celui-ci vient à son aide, l’accepte comme tel, part de lui.
Alors cet homme, déjà conditionné par une éducation militaire, stoppé dans son élan par des jambes qui l’ont transformé, réincarné dans un ailleurs via quelques écrans, quelques synapses, doit faire ce que chaque joueur , derrière son écran, souhaiterait tellement faire à sa place : rugir au monde réel, lui crier sa haine, sa colère mais aussi hurler son amour pour sa terre adoptive. Y rester à jamais. Que ça ne finisse plus.
Car si la petite histoire est derrière, la grande reste à écrire.
Franchement, comme ode au jeu vidéo, on a rarement vu mieux.
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