Quand les méchants volent la vedette à Batman

De tous les films Batman sortis à ce jour (je parle des films live), Batman Le Défi était le seul dont je n'avais presque plus aucun souvenir. Je me rappelais l'avoir vu étant petit, car certaines séquences me sont restées en mémoire (comme le Pingouin arrachant le nez d'un gars, ou bien Catwoman pétant un câble chez elle), mais à part ça, tout le reste était flou. Et en le revoyant, je me rends compte à quel point ce film est celui qui symbolise le mieux l'univers de Tim Burton! La ville de Gotham est ici très vivante et empreinte à une folie certaine. En fait, la ville représentée telle quelle par Burton est un personnage à part entière et semble aussi vivante que les personnages évoluant en son sein. En parlant de personnages, on remarque très vite que Tim Burton s'intéresse très peu au justicier masqué, le reléguant au second plan. Le cinéaste préfère ici approfondir ses deux antagonistes: le Pingouin et Catwoman, qu'il semble trouver plus intéressants (et peut-être plus proches de sa propre personnalité). Le traitement qui est réservé à ces deux méchants fait d'eux les personnages principaux de ce film, ce qui rend l'ensemble assez couillu.

En voyant Batman Le Défi, j'ai eu l'impression d'être face à une version cauchemardesque d'Edward aux Mains d'Argent. La folie et l'univers particulier de Burton prennent ici tout leurs sens. On retrouve de nombreuses références à son univers (le style gothique, le côté sombre du film, les représentations de spirales qui sont récurrents chez Burton, ...). C'est également un film très poétique, notamment au tout début (avec l'introduction du Pingouin) et à la fin (la crise identitaire, les personnages qui ne se sentent pas à leur place, ...). Le tout est sublimement accompagné par une partition sans faute de Danny Elfman. La musique d'Elfman s'accorde magnifiquement avec l'univers délirant de Burton, les deux se complètement merveilleusement!

Certes, il y a pas mal de passages très cons et parfois un peu trop loufoques (toute la partie avec Catwoman qui met le canari en bouche, les dialogues au début du film qui sont un peu risibles, les scènes de combat assez grotesques, ...), mais c'est globalement un film très osé. Et si on est fan de Burton, on ne peut qu'apprécier cette excellente incursion dans son univers si personnel. C'est d'ailleurs regrettable que depuis ces dernières années, Burton peine à nous faire replonger dans une telle ambiance. Ce n'est peut-être pas le meilleur film de super-héros, ni le meilleur film du cinéaste, mais niveau ambiance, ce film a quelque chose d'assez unique qu'on peut regretter de ne pas retrouver dans les autres films de cet artiste.