Cette première tentative marque un coup d’essai réussi, malgré une vision très « cobra » de la justice (mais sans la peine de mort généralisée à tous ces criminels qui sentent mauvais et qui sont laids comme des communistes). Mais ce manichéisme est assez propre à l’esprit de Bruce Wayne, d’ailleurs montré ici comme ayant des tendances schizophréniques. Question histoire, 10 ans après la dernière apparition de Batman et à 1 mois de la retraite du commissaire Gordon, un vaste gang met Gotham à feu et à sang. Les flashs infos relaient leurs méfaits avec moults détails gores (meurtres d’enfants, tueries gratuites…), la police est dépassée, bref, le batman revient parce qu’il fait mauvais temps, et parce que la criminalité a changé. Aussi faut-il prévenir qu’on tient là un des animés les plus violents mettant en scène un héros aussi populaire. The dark knight returns a des airs de Robocop, à la fois par sa violence (du sang gicle quand les balles fusent) et par sa lecture intelligente de l’actualité. Traitant frontalement les dérives psychologiques (un double face complètement atteint) et dénonçant avec violence les psychiatres défendant les criminels en en faisant des victimes, le récit se teinte d’une sacré noirceur quand il s’agit de faire intervenir les figures connues des ennemis de la chauve souris, et n’a de cesse de faire progresser les enjeux, en se focalisant finalement sur la menace des Mutants, menés par un chef de gang dégénéré qui n’a rien à envier à Bane. C’est d’ailleurs au cours des affrontements contre cet adversaire que le film se révèle d’une violence sèche, Batman se faisant tout simplement démolir la gueule à coup de pieds de biche. Dans le genre maltraitance d’icône, y a du sang qui coule. On rajoute le personnage de Robin, adolescente dégoûtée par sa génération de branleurs d’étudiants, et on obtient une équipe motivée.

Et par-dessus cela, une nouvelle couche de politique s’ajoute. Le maire, dans un vent de démagogie, commence à vouloir négocier avec les criminels, les politiques perdent leurs couilles alors que les Mutants se répandent en ville, jusqu’à ce que Batman se décide à combattre à nouveau le chef des mutants dans un combat à mains nues, histoire de bien démoraliser le gang. The dark knight returns a cette idée en tête : l’humanité est constituée de beaucoup de suiveurs, et c’est finalement au leader d’incarner l’exemple et la ligne de conduite. Le film ayant l’intelligence de cerner les points sociétaux relatifs à l’existence de Batman et à les exposer clairement, le spectateur est parfaitement en état de prendre de la distance et de réfléchir de son côté, histoire de profiter pleinement de cet épisode, un peu plus riche qu’un Batman contre le fantôme masqué. Une œuvre intense, mais qui déplaira aux opinions de gauche (quand un interviewé dit « On devrait défendre les droits des criminels, ces gens sont victimes du cadre dans lequel ils vivent, et méritent d’être réinsérés avec notre aide… hein ?... Ah non, je ne suis pas de cette ville ! », on sait qu’on a pas affaire à de la langue de bois).

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le 27 janv. 2014

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Voracinéphile

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