Adapté d'un manga incroyable, d'une puissance et d'une intensité rare, Kinji Fukasaku tire un film certes en deçà du modèle mais qui conserve malgré tout la force nihiliste de celui-ci.
Dans un Japon ravagé par la délinquance et la violence urbaine, le gouvernement met en place un curieux programme : Battle Royale. Une classe de 3e se retrouve isolée sur une île, les élèves sont armés et équipés pour s'entretuer. A la fin, il ne devra en rester qu'un seul.
Sur ce concept fou, qui ne peut qu'entrer en résonance avec les délires de plus en plus baroques de la télé-réalité, Battle Royale nous montre sans aucune pitié ni mesure, les affrontements de ces jeunes gens les uns contre les autres. L'ami d'hier devenu l'ennemi d'aujourd'hui, les trahisons et les coups bas pleuvent.
Sorte d'opéra de violence extrême, Battle Royale n'en oublie cependant pas d'être intelligent et de se révéler être un film d'anticipation glaçant, pas si improbable que ça. Reflet d'une société japonaise où le gouffre se creuse de plus en plus entre les générations, isolant petit à petit les jeunes gens, rebellés contre les hiérarchies ancestrales, Battle Royale se fait dès lors le miroir d'une fin de tout échange menant au génocide.
Oubliant l'idée de s'attacher à chacun des élèves, plus atypiques les uns que les autres dans le manga, le film se concentre surtout sur trois d'entre eux, noyau d'innocence amené à se battre malgré tout face à la folie et l'engagement dans le jeu qui gagnent les autres membres de leur classe.
Le dialogue a même cessé parmi les jeunes, toute alliance est impossible, il faut donc se battre. Et malgré une fin qui apporte un petit peu d'optimisme à ce tableau très sombre, le ton d'ensemble reste affreusement pessimiste.