Un sage quelconque aurait été bien inspiré de dire : "on entame toujours l'ascension d'une montagne en partant de son pied". Ça me permettrait de commencer ma critique par une citation avisée et pleine de sens, signe de mon immense culture. A la place, je vais devoir me contenter de dire que je ne me sens pas prêt pour parler suffisament bien de Berserk, chef d'oeuvre de Kentaro Miura. Je n'atteindrai pas la qualité de l'excellente critique à ce sujet de mon excellent ami Brume Ondeblois, disponible chez tous vos bon senscritiqueurs ( la pub, c'est mal, sauf si vous êtes payé pour ça ).
Plutôt que de me confronter à mon inefficacité crasse, je vais plutôt faire le choix le plus facile et évident qui me reste. Critiquer Berserk, c'est trop pour tes petites épaules ? Prends t'en plutôt à son adaptation animée cheap ! C'est beaucoup moins de tension ! Le vautour que je compte sans doute parmi mes ancêtres serait fier de moi.

Donc, Berserk : L'Âge d'or - Partie 1 : L'Œuf du roi conquérant, outre un titre très long à recopier, c'est une mise à l'écran des tome 4 à 6 de la série manga Berserk. Là, on a déjà l'un des premiers problèmes : l'intrigue, commençant au moment de la rencontre entre la troupe du faucon et notre héros, ne fait que des références peu approfondies à toute l'enfance de Guts, qui passe au rang de sous-intrigue/easter egg pour les lecteurs. Il y a bien des rêves flous pour introduire cet aspect, mais rien de plus. Du coup, développer le personnage de Guts à partir de rien va s'avérer plutôt difficile. Ce cheminement progressif de Guts d'arme vivante à être-humain-qui-pense-et-ressent étant l'un des principaux fils rouges de l'âge d'or, on peut déjà craindre que la fidélité à l'oeuvre originelle ne soit pas vraiment de mise.
Eeeet... oui et non. Les scènes reprises le sont presque à la phrase près. Pas de trahison ici. Par contre, d'énormes pans de l'histoire disparaissent. Pas de l'intrigue, attention, tout ce qui est nécessaire à la compréhension et aux rebondissement de l'ensemble est là. Mais il y a de gros raccourcis pour tout ce qui concerne la relation de Guts avec les autres membres de la compagnie. Pas de longs dialogues avec Judeau, pas de bromance avec Griffith, pas de premiers combats communs, que des ébauches très vite esquissées. Casca a un problème avec lui, Carcus ne peut pas le piffer, Pippin est un bon géant muet, Guts passe d'une ellipse tout nouveau venu à capitaine émerite... Bref, les grandes lignes sont là, mais tout ce qui donne vraiment de l'intensité et de la profondeur à cette période de la saga est évacué.
Cela vaut également pour la fameuse course au pouvoir de Griffith, qui se trouve ici résumée à l’extrême. Le royaume de Midland a au moins le temps d'être présenté, de même que la plupart de ses principaux personnages. Cette partie est également celle qui permet ( enfin ) une certaine nuance, après trois quart d'heure de film à courir partout. L'histoire trouve son rythme, prend le temps de placer un monologue philosophique, de nuancer un peu tout le monde et... s'achève en bonne voie. Dommage.


Question graphisme, c'est très, très variable. La première scène de bataille est excellente, de même que la plupart des mouvements de foule. L'usage de CGI se fait cependant durement sentir dès que le combat devient un peu plus intime ou que les réalisateurs veulent souligner un effet. Je ne comprend toujours pas cet aveuglement des animateurs qui trouvent normal qu'une image de synthèse ressemble à un bidouillage dégueulasse sur un logiciel de la fin des années 90 "parceque c'est nouveau". Quoi qu'il en soit, voir Guts prendre soudain une allure de pantin ou une envolée de feuilles morte ressembler à des bananes extraterrestres est un bon moyen pour sortir de l'ambiance voulue. Le charadesign est correct, bien que parfois un peu basique au niveau du visage, Griffith et surtout Casca en faisant les frais. Détail amusant : autant le manga donnait dans un médieval européen "générique", avec des éléments fantasy mêles à d'autres provenant aussi bien du haut que du bas moyen-age, autant il s'agit ici assez clairement des équipements, costumes, ect... de la seconde partie de la guerre de cent ans.
Les paysages, une des forces du manga adapté, sont également réduits au strict minimum, ce qui est à vrai dire assez compréhensible au vu du format. On est dans de la plaine vallonnée vide la grande majorité du temps. Par contre, on pourra noter quelque détails ajoutés de qualités et une esthétique onirique assez intéressante.

Dernier point, et celui ci est un point fort : la musique. L'ost de ce film est variée, agréable, est bien utilisée... On regrette presque qu'elle n'ait pas été appliquée sur un métrage plus abouti.

En bref : trop rapide et superficiel pour égaler le manga, trop sympathique pour être complètement rejeté, mieux vaut prendre ce film comme il est : une adaptation sans prétentions particulières d'une oeuvre qui lui est bien supérieure.
Kevan
5
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le 22 mars 2014

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Kevan

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