On l'oublie parfois, mais le cinéma a le droit de ne pas être engagé, de ne véhiculer aucun message, aucune morale. Le cinéma peut se revendiquer comme n'étant qu'un pur produit de divertissement. Du divertissement, certes, mais du divertissement de qualité. Bienvenue à Zombieland fait partie de ce cinéma et allie comédie et zombie. De ce mariage des genres, un film s'était déjà illustré de notre côté de l'atlantique cinq ans plus tôt. Il s'agit, bien évidement, du désormais culte Shaun of the Dead d'Edgar Wright. Les américains ont donc le leur avec à la réalisation Ruben Fleischer ainsi qu'une tripotée d'acteurs qui sont, aujourd'hui, de grosses pointures.


Les zombies ont envahi la planète. Ces zombies ont un désagréable avantage par rapport à ceux mis en scène par Romero, ils courent et font preuve d'une certaine dextérité, réussissant, par exemple, à ouvrir les portes. Pour survivre, le jeune Columbus, geek maladroit, suit scrupuleusement des règles, comme "attachez votre ceinture", "avoir un bon cardio" ou encore "ne jouez pas au héros". Etudiant à Austin lors du début de l'épidémie, il traverse une partie du pays, cherchant à rejoindre sa ville natale, Columbus, où vivent ses parents. Sur la route, il rencontre, Tallahassee, un type complètement déjanté aux allures de cow-boy, expert dans la dézombiefication. Le duo, improbable, va faire plus tard la rencontre de deux jeunes filles, Wichita et Little Rock.


Le caractère débridé de Bienvenue à Zombieland où tout relève du possible défouloir pour nos quatre héros devient, malheureusement, trop monotone à mesure que l'on avance dans le film. Les zombies, ne représentent pas de menace, malgré leur dangerosité, se contentant de grogner, de courir puis de se faire exploser. Et du divertissement pur et simple, on sombre rapidement dans le train-train où les scènes se suivent et se ressemblent.


Le côté road-movie du film est détourné d'un façon très originale. La route devient une piste menant potentiellement Tallahassee à son Saint Graal, un twinkie. Le twinkie étant une génoise fourrée à la crème, tout sauf diététique. La route ne se fera donc pas à travers de splendides paysages, mais par des sauts de puces, au détour d'une camionnette de sucrerie accidentée, des rayons d'un supermarché, d'un magasin de souvenirs dans une réserve indienne ou d'une fête foraine.


Le casting du film repose sur un quatuor d'acteurs qui, aujourd'hui, ferait à coup sûr exploser le budget de 23 millions de dollars de Bienvenue à Zombieland. Woody Harrelson, incarnant le déjanté Tallahassee, fait figure de chaperon pour trois jeunes acteurs. Dans le rôle du narrateur Columbus, on découvre un jeune acteur jusqu'à présent cantonné au cinéma indépendant, Jesse Eisenberg. Dans les rôles féminins, il y a l'enfant star Abigail Breslin qui, à tout juste 13 ans, a déjà une quinzaine de films au compteur et qui donne ici la réplique à Emma Stone, actrice débutante découverte dans des comédies de jeunes lycéens boutonneux.


Pour son premier long-métrage, Ruben Fleischer réussit son entrée dans le cinéma. Dix ans après la sortie de Bienvenue à Zombieland, le spectateur fan de zombie (que je suis) va avoir le plaisir de retrouver la même bande d'acteurs dans une suite intitulée Zombieland: Double Tap, en référence à la fameuse règle numéro 2 de Columbus : la double dose, c'est à dire de tirer deux fois sur un zombie pour ne pas se faire surprendre ensuite. A voir si Fleischer aura su gagner en maturité et nous proposera quelque chose de plus abouti ou s'il se cantonnera dans le pur et simple défouloir.

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le 30 mars 2019

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Vincent Ruozzi

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