Ce film est fantastiquement kitsch, et pour cela on doit l'en remercier, assurément. Ouvert aux rires les plus fous, à l'invention humoristique la plus grotesque, la dynamite noire est curieusement explosive. Du kung-fu pratiqué en cadence sur de la Soul & Black music, quoi de plus saugrenu ? Les tribulations d'un afro Samurai, décousu comme mon argumentation, sur un rail scénaristique indistinct, où l'histoire de vengeance la plus parodique semble être le seul fil conducteur.

Macho invétéré, Black est le beau gosse de service, l'ultime incarnation d'un Bond aux abois, dont la gouaille et les pectoraux n'ont d'égal que le charme irrésistible dont il use et abuse sur la gent féminine. Prise au dépourvu, au piège de cette machine à tuer façon Duke Nukem, elle est portée aux nues par des combos ravageurs qui font souffrir la pègre asiatique jusqu'au plus profond de sa chair. Portée à ébullition, elle éclate en mille morceaux sous les poings nunchakés du moustachu touffu aux tablettes de chocolat des plus éloquentes. Oblitérée par des années de conflits et de luttes intestines nourries sous l'égide du drapeau américain, la compagnie rissolée est une nouvelle fois meurtrie pour ses exactions commises à l'impair de la plus fantasque nation du monde. Sûre d'elle, elle charrie des clichés exemplaires comme l'archetype du bodybuilder à la mine parfaite logé dans notre admirable héros.

En somme, que dire de plus quand on est dans la panade d'informations éparses auxquelles on ne se rattrape que par l'usage des zygomatiques ? A l'excès de ridicule d'un monde enflé par la vanité, la corruption et la quête du Saint-Graal pour le souiller de ses lèvres impures, on répond par des mots en branle, des phrases qui s'étiolent vite fait mal fait sur des lignes absconses censées retenir l'oeil du lecteur.

Et il en va de même de ce film, considéré à tort par une frange bien-pensante de la critique comme tourné vers l'action, alors qu'il prône l'inaction souriante d'un cinéphile posté en témoin d'une remarquable farce où les détails abondent et fourmillent dans un sang dense en ressources de globules coagulant tout avenant. Le chaland en a pour son argent, et on retrouve l'exubérance d'un OSS 117 campé sous la Funk et le Groove d'un univers « Black » langoureux. Inspirant, il donne plus que retire, est généreux avec un spectateur qui n'ose regretter son investissement, tant il se régale dans tous les sens. La vue, tout d'abord, comme une évidence ; l'ouïe, ensuite, car il a droit à un florilège de titres conçus à l'occasion du film ; puis pour extrapoler le toucher, car la tension demeure palpable de long en large (suivez mon mouvement de bouche en coin) et enfin l'odorat car ces prises de bec rhétoriques et de catch pléthoriques sentent la testostérone à plein nez. Cette synesthésie est définitivement accomplie au jour du septième qui magnifie la création divine sous le couvert de l'appartenance africaine. Parce que Dieu n'a d'autre couleur que celle qu'on veut bien lui donner, il se fera explosivement noir en Black Dynamite ou ne se fera pas.
Adrast
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le 15 déc. 2010

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