Parce qu'elle a choisi d'aider une petite fille en dépit des ordres, une tueuse à gages devient la cible d'une bande de gangsters et de ses propres employeurs...


Pas la peine de tourner autour du pot de crème vanillée, vous l'aurez sans doute compris à la lecture de ce pitch, "Gunpowder Milkshake" ne bluffera personne par son intrigue qui en restera aux rebondissements les plus sommaires induits par ce point de départ et les forces archétypales qui vont s'y confronter.
De plus, si vous commencez sérieusement à fatiguer des multiples ersatz de "John Wick" qui pullulent sur les écrans dernièrement, il y a fort à parier que cette variation fondée sur le prétexte d'un "girl power band" prêt à prendre les armes face à un patriarcat de malfaiteurs venimeux soit trop superficielle ou facile à vos yeux. D'ailleurs, le cadre dans lequel tout ce petit monde va évoluer est une espèce de sommet artificiel à lui tout seul, mixant à la violence graphique d'un univers improbable de tueurs sorti tout droit d'un comicbook (et t.très "Wikien" dans l'âme), le rétro kitch des 50's, l'imagerie enfantine kawaï et celle du film noir ! Cela fait sans doute un peu beaucoup mais, bizarrement, la direction artistique ne sera jamais prise en faute pour représenter ce curieux alliage visuel, donnant tout autant lieu à de superbes idées en termes de décors et d'ambiances pour les affrontements qu'à un écrin très bien pensé pour amplifier le décalage vers l'absurde de certaines situations. En fait, sur la forme, "Gunpowder Milkshake" peinera surtout et étonnamment sur ses séquence d'action en elles-mêmes.
À chaque fois, tout semblera pourtant être bien installé pour qu'elles nous emportent dans un déluge de violence jouissif grâce à de bons concepts cartoonesques (le combat "sans bras", haha !), des trouvailles plutôt malignes (la bibliothèque) et une B.O. à se damner (les morceaux et les musiques de Frank Ilfman en font une incontournable de cet été) mais la mise en scène ne suivra étrangement pas, comme paralysée devant le bel étalage de ressources mis à sa disposition et incapable de donner cette ampleur, cette dimension véritablement épique, qui emmènerait le film jouer dans la cour des grands lors de ses affrontements. Il y aura bien une certaine esbouffre clippesque qui tentera de donner le change mais cette "timidité" de réalisation sera en fait surtout contrebalancée par le charisme de ces héroïnes prêtes à tout ravager sur leur passage !


Alors, oui, les concernant, le film n'invente encore rien au niveau des dynamiques familiales ou des caractères basiques qu'il met grossièrement en place pour les définir mais la forte personnalité des comédiennes judicieusement choisies pour en être le réceptacle va invariablement en hisser la part émotionnel au milieu des balles et des coups de lames.
Ainsi, pendant que le parallèle entre la relation mère-fille de Lena Headey et Karen Gillan et celle de substitution de cette dernière et la petite Chloe Coleman réservera son lot d'interactions simples et touchantes avant que la poudre ne vienne prendre le pas sur les sentiments, il faudra également compter sur le formidable trio de "tantes bibliothécaires" incarnées par Angela Bassett, Michelle Yeoh et Carla Gugino qui, sans trop dire, crèveront l'écran au milieu de ce que leur fera vivre comme épreuve l'assaut le plus homérique du long-métrage.


Pas assez innovant en de trop nombreux points pour s'imposer comme une petite référence du genre, "Gunpowder Milkshake" fait tout de même le bon choix de s'appuyer sur la qualité de ses meilleurs atouts, à commencer par son univers et son casting, pour offrir un divertissement d'action où l'on ne voit pas le temps passer, idéal en cette période estivale où les cerveaux sont plus prompts à se mettre en stand-by et à voir les cadavres s'empiler sans trop se poser de questions. Toutefois, si ces héroïnes revenaient un beau jour entourées d'une intrigue et d'une réalisation plus ambitieuses, il est fort probable que le nouveau milkshake qui en résulterait serait encore bien plus savoureux. On réservera sans faute une table au dinner pour le goûter si c'est le cas.

RedArrow
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le 15 juil. 2021

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RedArrow

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