Vous allez sans doute me traiter d'hérétique, surtout qu' Exodus a été désigné comme l'album du XXème siècle : je n'ai pas particulièrement le mythe de Bob Marley au coeur.
J'allais donc voir One Love par pure curiosité, sur la base sans doute d'une bande-annonce qui semblait promettre de sortir un peu son genre biopic des sentiers battus. En unissant son artiste avec son pays, son climat politique tendu de la fin des années soixante-dix et sa violence armée.
Et si la promesse est tenue, ce n'est que le temps de quelques scènes, afin de faire voyager Bob Marley vers des terres plus accueillantes et de lui faire repenser sa musique. Et surtout pour mieux encore cocher les cases du genre et enfiler l'ensemble des passages obligés.
Et si l'on percute avant d'entrer dans la salle, ce que n'a pas fait le masqué, que Bob Marley : One Love est produit par la famille du chanteur, il ne sera pas étonnant, finalement, de ne voir que très subrepticement ses zones d'ombre à l'écran. Ou pire, évacuées le temps d'une seule scène ou encore carrément hors-champ.
One Love n'arrive ainsi jamais à hausser son niveau de jeu pour dépasser ce qui est ultra attendu. En mode classique, académique et très sécurisé. Au point que l'on pourra penser, le temps de la projection, que certaines lignes de dialogue de l'ami Bob seront destinées à orner de nouveaux tee-shirts à sa gloire. Soit une forme d'entreprise de gestion du patrimoine et de la légende qui laissera sans doute sceptique les puristes.
S'agissant de sa figure de proue, One Love ne marche finalement que par à-coups : s'il n'arrive jamais à habiter pleinement l'aura de Bob Marley ou de percer l'intimité de l'homme, il offre cependant quelques belles représentations de l'artiste au travail ou en phase de création.
En passant inexplicablement, aussi, à côté de la thématique de la recherche du père, évoquée le temps d'une ligne de dialogue avant d'être immédiatement évacuée.
Et si l'aspect politique du bonhomme, qui se vivait comme un révolutionnaire, n'est guère qu'une trame de fond, il reste aussi l'évocation et la fabrication, sous nos yeux, de l'album Exodus. Et si la musique du maître pourrait à l'occasion être inspirante, ce n'est pas grâce à ce One Love, trop loin de l'esprit de l'artiste, trop calibré, trop sage pour emporter totalement l'adhésion.
Behind_the_Mask, dread loque.