Né d'un concept plutôt sympa proposant 2 films en un, Death Proof balance deux heures, soit 40 minutes de plus qu'aux origines du projet. Autant dire que les inquiétudes étaient là pour accueillir ce nouveau Tarantino, vierge de tout long métrage depuis le fameux Kill Bill.

Reservoir Bitches ?

8 gonzesses comme actrices principales, ca fait beaucoup. Pour le coup, Tarantino nous sort le film le plus féministe depuis un bail. Des répliques qui cassent du macho, qui parlent de sexe ouvertement et qui n'hésite pas à rouler du cul. On pourrait s'attendre à un cocktail détonnant mais l'ensemble nous donne envie de dire que ça pue des pieds. En référence aux nombreuses paires qui jalonnent les séquences. Plus fétichiste t'es cordonnier.

Parmi ce véritable casting de Pussycat Dolls aussi pétasses que les vrais, mais plus moches, se cache un homme. Et pas n'importe lequel : Kurt Russel, et sa voiture. Le grand Kurt a un look d'Elvis dans un rôle de cascadeur, ça le fait. Entre humour et intimidation, le vieux Kurt assure et change de gueule en un rien de temps pour passer du bon pilier de bar au vieux sadique en un clin d'oeil. Sans lui, il n'y a pas à dire, le film aurait une autre saveur. De plus, les regards face caméra rappellent le fameux Snake Plissken, ce qui n'est pas pour déplaire...

La voiture, véritable personnage à part entière, sauve le film. Les poursuites sont totalement hallucinantes. Evoquant sans vergogne Duel de Spielberg, Tarantino dynamite le rythme avec des séquences hâletantes où on reste scotchés à son fauteuil, avec les traces de freins comme sanctions d'un virage trop serré. Death Proof tire toute sa puissance de ses passages flippés dont l'ambiance devient radicalement différente des discussions de comptoirs qui jalonnent le film.

Label Tarantino oblige, une très bonne BO qui rythme le film, mais qui sait aussi se faire discrète. Encore une fois, on se demande comment il réussit à recycler des vieux titres sortis de nulle part et à les remettre au goût du jour.

Le cartoon violent qui forme le dernier quart d'heure est aussi jouissif que frustrant. C'est ainsi qu'aurait du fonctionner l'ensemble : envoyer du bois sans concessions à la moyen-âgeuse pour paraphraser Marcellus de Pulp Fiction. Des crashs d'une violence étonnante ne feront pas oublier un film qui fait du 2 roues entre le Tarantino classique à débiter du dialogue surréaliste et la série B qui voit pas plus loin que le bout de ses roues mais qui le fait bien.

A bout de souffle ?

Death Proof se termine tout de même avec le sourire du spectateur. Content d'avoir vu un film où le cinéaste se fait plaisir à faire du pied à son auditoire, conquis d'avance. Signe d'un ralentissement dans la filmo du père Quentin, le dernier rejeton ne sera sûrement pas celui que vous regarderez en boucle entre potes. Il restera plutôt le bon p'tit film du samedi soir, où l'on posera son cerveau sur la banquette arrière pour s'en prendre plein les mirettes. Et même si on peut lui reprocher de ne faire que du Tarantino. Les actrices parlent comme lui, son apparition perso ne sert à rien, à part se faire mousser, il s'auto-référence, un passage en N&B inutile... Mais voilà, le coeur a ses raisons que la raison ignore et on sort tout de même avec la sensation d'avoir vu un bon film.
Lopocomar
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le 5 août 2010

Critique lue 371 fois

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