Brothers par Yas

Je suis allée voir le film en n'ayant lu préalablement aucun résumé, je ne savais donc pas du tout de quoi ça parlait – une vague histoire de frères, avec une fille au milieu : tout ce que j'avais pu en déduire de l'affiche. Et c'est une très bonne chose, parce qu'après avoir vu le film j'ai lu les résumés, et j'ai noté qu'ils enlèvent énormément de suspense. Surtout n'allez pas les consulter : une vraie insulte au grand travail des scénaristes. Car ce film – au risque de me répéter – est Grand.

Sam (Tobey Maguire) est envoyé au front en Afghanistan, laissant seules sa femme Grace (Nathalie Portman) et ses filles Maggie et Izzie (qui jouent admirablement). Porté disparu, « ses femmes » se réconfortent sous l'aile bienveillante de Tommy (Jake Gyllenhaal), le frère de Sam au passé douteux. Et c'est décidément à la mode : le film est un remake de Brothers de la danoise Susanne Bier.

On ne ressort pas indemne de ce film, chamboulé par une des dernières scènes, très prenante. Mais aussi par ces émotions justes, sincères : on ne tombe jamais dans le mélo, dans le superflu, ou même dans le pathos – le travail des acteurs est remarquable et mérite qu'on lui rende hommage (le méconnaissable Tobey Maguire s'est d'ailleurs amaigri, ou plutôt émacié, pour ce rôle).

Moi qui suis friande des personnages très bien construits j'ai été servie : rien n'est laissé au hasard, les rapports qu'ils ont les uns avec les autres sont complexes et évoluent de manière logique au gré de l'évolution de l'histoire.

Plus qu'un film de guerre, c'est un film qui traite de l'influence de la guerre sur les relations entre un mari et sa femme, entre un père et ses enfants, entre un frère et son frère.

L'intrigue aussi est bien fichue, on ne s'ennuie d'ailleurs pas une seule fois. De bout en bout, le film se laisse contempler délicieusement, parfois brutalement, toujours passionnément. La guerre est bien entendu perçue comme une abomination, mais la vision manichéenne avec les gentils américains d'un côté et les méchants étrangers de l'autre – ce qui reste le grand piège des films du genre – parvient à être aisément contournée.