Bugonia: Une fable absurde qui divertit sans vraiment convaincre

Bugonia, c’est un peu comme suivre deux énergumènes sortis d’un forum complotiste et les regarder s’enfoncer dans un délire tellement massif qu’il finit par avaler le film lui-même. On y suit donc deux ploucs platistes, conspirationnistes jusqu’à la moelle, persuadés que le gouvernement, que dis-je, que tout le système ment sur tout, que la Terre est plate et que les aliens sont infiltrés sur la terre à la vue de tous et qu'ils sont responsables de tous les maux de la Terre. Leur grande idée ? Kidnapper une femme d’affaires puissante, Jessica Sandford (et malheureusement non, ce n’est pas si loin de certains fantasmes en ligne) qu’ils sont convaincus d’être une extraterrestre envoyée par l'empereur cosmique pour asservir l’humanité qu'ils doivent contacter pour plaider la cause de la Terre.

Et évidemment, tout le film s’applique à les présenter comme deux débiles profonds, des losers au QI en permission, absolument incapables de voir plus loin que leurs certitudes débiles. Jusqu’aux cinq dernières minutes. Car oui, Emma Stone a réellement spoilé en rigolant dans un late show que « oui oui, c’est vrai, elle est une alien ». Et c’est exactement le twist final. Une révélation qui fonctionne parce que le montage entier nous conditionne à ne jamais croire ces types, et encore moins à douter de l’intégrité du personne d'Emma Stone. Et pourtant : boum. La farce devient soudain une étrange réalité.

Le problème, c’est que la morale, s’il y en a une, reste floue. Faut-il laisser une chance aux personnes qu’on considère comme complètement détraquées ? Est-ce une satire des dérives complotistes ? Une métaphore sur la manière dont la vérité est parfois plus bizarre que le délire ? Ou juste un pur caprice scénaristique assumé ? Difficile à dire. Le film flotte dans cette ambiguïté sans jamais vraiment la trancher.

Heureusement, ça joue très bien. Les deux énergumènes sont irrésistibles de bêtise et de sincérité, et Plemons oppose une froide intensité qui tient tout le récit. Et Emma Stone… eh bien, à ce stade, on a presque l’impression que le réalisateur écrit surtout pour passer du temps avec elle et ses potes (pas en train de "sexer" cette fois-ci^^), qu’il soit inspiré ou non. Ça donne parfois des fulgurances, parfois des facilités, mais ça reste globalement solide et divertissant.

Techniquement, c’est propre : bonne photo, mise en scène fonctionnelle, rythme en dents de scie mais globalement cohérent, un emballage carré qui n’essaie jamais de dépasser ce qu’il est.

En fin de compte, Bugonia est un petit 6/10 des familles : amusant, parfois malin, souvent un peu gratuit et bancal, mais suffisamment fun pour qu’on ne regrette pas le déplacement… tant qu’on n’attend pas un commentaire profond sur l’époque. Une curiosité sympathique, sans plus.

À découvrir à l’occasion, sans en attendre grand-chose.