L'oeil de la guerre

Au moyen d’un excellent travail de montage, d’images d’archives ou de reconstitutions d’une grande force émotionnelle, d’une ambiance parfaitement recréée, d’acteurs non professionnels (pour certains) Boris Lojkine signe un film choc, qui prend aux tripes et parvient parfaitement à représenter le travail d’un photo-reporter dans sa complexité.

La réalité, le terrain, c’est le matériel du reporter, qui se doit, idéalement, de rapporter les faits le plus impartialement possible. Et c’est justement ce que fait Boris Lojkine, qui, à travers une mise en abîme, regarde celle qui regarde, c’est-à-dire Camille, avec un œil certes admiratif mais embrassant également les folies, les risques insensés et les illusions de la jeune photographe. Lui aussi connaisseur de la RDC (Rép. Dém. du Congo) et de ses conflits qui la minent de l’intérieur, il réussit à recréer admirablement les conditions des combats, l’environnement des belligérants, l’idiosyncrasie de ses habitants avec une perspective à la fois ethnologique, socio-économique, psychologique ou politique, à tel point que le spectateur se demande parfois si certaines scènes reconstituées le sont vraiment ou non, le réalisme cru quoique jamais racoleur opérant à merveille.

Un des meilleurs films français de l’année certainement, pas assez reconnu hélas.
7.5/10