Captain Marvel par Owl

Je me souviendrai toujours de mon dépit quand Iron Man a été annoncé, à l'époque. On était dans la période Civil War dans les comics et je voyais Stark comme un énorme enfoiré. Certain de la nullité du film et qu'il se planterait, j'ai quand même, à mon corps défendant, accepté d'aller en salle, traîné de force par un ami. Et bon, ben, que voulez-vous que je vous dise, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

Quand Captain Marvel a été annoncé, notez bien ma capacité à tenir compte de mes erreurs, j'étais persuadé que ça a allait être de la merde en bâtons parce que Carol Danvers est un personnage inintéressant, fade, antipathique au possible et j'ajouterais que le dernier souvenir que j'en ai date de Civil War II (encore!), et ça n'était pas formidable.

Ben devinez qui s'est encore planté dans les grandes largeurs?

On reprochera très volontiers, et je ne le nierai pas, à Captain Marvel d'être un peu trop classique. Forcément, il arrive après vingt films de l'écurie Marvel et une foultitude d'autres de la part des concurrents, on commence à connaître la chanson des origin stories et les défauts inhérents à cet exercice (=une première partie toujours relou). Sa force ne sera donc pas là. Pas plus qu'on ne la trouvera dans la musique interchangeable d'un film à l'autre ou des scènes d'action pas super inspirées. Et, il est évident que les esprits chagrins auront entièrement raison de lui reprocher sa crédibilité en terme de chronologie dans l'univers Marvel.

Non, sa force est toute autre, puisque en partant d'une héroïne sans intérêt particulier dans les comics, on se trouve face à un film dont le mot "féminisme" renvoie Wonder Woman dans les cordes. Intelligemment tournée, la philosophie du film et l'évolution de Carol sont un modèle du genre. Notre super-héroïne s'extirpe petit-à-petit du moule dans lequel tout le monde essaye de la faire rentrer, à l'exception d'une poignée de personnages, sains sur lesquels elle peut compter (sa relation avec sa meilleure amie est peut-être un peu trop effleurée). Brie Larson porte le film sur ses épaules, tantôt drôle, tantôt fragile, tantôt furax, il n'y a rien à redire sur sa prestation.

Ma culture sur les Kree et les Skrulls est loin d'être optimale, mais j'étais content de voir ce petit monde inclus dans le Marvel Universe, avec des nuances bienvenues, notamment une légère idéologie anti-guerre qui ne fait pas de mal.

Ah et sinon, quelqu'un sait où je peux trouver un chat comme Goose?

Ma note est probablement un peu trop élevée pour la qualité "technique" du film (histoire, montages, musique). Toutefois, c'est le premier film de super-héros que je montrerai à ma fille. Et je ne saurais exprimer à quel point c'est primordial. Wonder Woman avait certes commencé à déblayer le terrain, mais Captain Marvel finit le travail pour proposer un film à la construction certes classique et qui ne surprendra personne, mais au discours intrinsèque bien plus important qu'il n'y paraît. Désormais, je suis très curieux de voir comment le personnage sera traité dans ses prochaines apparitions et comment les autres héroïnes évolueront également (Black Widow, je te regarde).