Cars - Quatre Roues
6.1
Cars - Quatre Roues

Long-métrage d'animation de John Lasseter et Joe Ranft (2006)

Offert sur un plateau d'argent à l'instar de ses glorieux aînés, «Cars» est aujourd'hui plus considéré comme le peloton de fin de Pixar. Une distinction, qui, en plein âge d'or, la fout plutôt mal. Il suffit d'ailleurs de demander aux Pixariens d'expliquer ce désamour tardif pour obtenir une poignée de réponses mettant en cause la gestion défaillante d'une franchise. Une belle réponse de politicien. «Cars» premier du nom n'étant finalement pas le réel objet de la discorde. Ces dommages collatéraux, on les doit plus à la politique interne de Pixar\Disney. Les deux entités s'étant mises d'accord pour gonfler les magasins de jouets de modèles réduits entachant par la même occasion la teneur hautement vertueuse du film original. En d'autres mots, épouser la lecture binaire d'un gosse de cinq ans et lui refourguer des bagnoles en plastique qui parlent. «Joue avec tes voitures p'tit con, ça t'évitera de cogiter.»


Un usage mercantile qui a tôt fait de plier les avis dans le mauvais sens appuyé par un second volet (trop) light. On remerciera aussi les exécutifs d'avoir emballé le spin off «Planes» souvent attribué à tort aux exploits de la firme à la lampe. A contrario, si l'on souhaite s'extraire du diktat du billet vert et du sequel crétin avec du poil sous les ailes, on accordera au film de Lasseter toute la force et le coeur dont il dispose pour divertir le spectateur. Car à défaut de matière grasse, c'est bien de matière grise qu'il se compose. Expliquer à un parterre de gamins que Flash McQueen est un pur américain qui cultive sa réussite par la voie du sport et par conséquent son individualisme dans un monde d'exploits de paraître et forcément de fric (on y revient) aurait de quoi les laisser perplexes. Ajoutons à cela la confrontation d'un monde qui charrie toutes les figures du vieil Ouest et l'on se retrouve avec une véritable étude sociale sur les anciennes et les nouvelles valeurs de l'Amérique. Tout ne sera que rapprochements et comparaisons évidents : Des circuits emplis de fans à la mythique route 66 laissée à l'abandon, du calme Olympien de Radiator Springs aux plateaux hystériques des médias, de la remorque de Mack en forme de carcan aux décors à 360° de Monument Valley, de la technologie de pointe à la dépanneuse rouillée...


Radiator Springs et ses habitants n'ont pas pour discours celui de vieux cons toujours tenter de jeter un coup d'oeil dans le rétro. Ils appellent surtout à la complémentarité de l'ancien et du nouveau monde. Derrière Doc Hudson Hornet se cache le vrai natif américain, la vieille gloire passée qui enseignera l'humilité et l'expérience. Marty, le sidekick aura tout le loisir de partager son amitié. Quant à Sally, la petite Porsche au tatouage sexy au creux de l'aileron représentera le love interest et incarnera l'avenir de Flash. Toute cette jolie micro société américaine saura accueillir en son sein la petite fiat 500, Luigi, incarnation de la diaspora Italienne survenue au coeur des années 50 sur le nouveau continent. Très loin de l'image de "Majorette" qu'on lui attribue depuis des années, "Cars" est la fusion des pionniers amoureux de leur sol couplée à celle d'une nouvelle race de compétiteurs. Une jolie fable sur les transmissions de valeurs entre générations.

Star-Lord09
8
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le 3 juil. 2019

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