Du grand cinéma signé par Scorsese, qui réussit avec brio son œuvre. Tant par la réalisation où rien n’est à redire, chaque plan est beau, pensé(en particulier le plan dans le désert à travers les lunettes). Les acteurs, des rôles principaux aux plus discrets n’apparaissant que le temps d’une scène, sont tous d’une justesse remarquable, avec un jeu sincère, habité, parfaitement interprété et attribué. Surtout Robert De Niro qui est admirable. Cela pourrait rappeler Scarface par sa morale, mais cela reste tout de même une œuvre scorsesienne, c’est une œuvre à la fois grandiose et intime, qui interroge la fascination du pouvoir, la corruption morale et la perte de soi. Car au fond, la morale du film n’est pas de condamner, mais de révéler avec une lucidité bouleversante comment la quête de grandeur finit toujours par dévorer ceux qui s’y abandonnent.
Je rajouterai que Casino est une fresque sur la démesure, où la mise en scène reflète la perte de contrôle des personnages, chaque plan oscillant entre fascination et chute. La double voix off d’Ace et Nicky oppose deux visions du pouvoir, entre ordre et chaos. Sharon Stone incarne une figure tragique, à la fois victime et prédatrice, symbole d’un rêve américain qui se fissure. Derrière l’éclat du jeu et du luxe, Casino devient un film sur la désillusion et la chute inévitable.