Cheval de guerre par MaximeMichaut
Adaptant l'œuvre éponyme de Michael Morpurgo, Steven Spielberg réalise une véritable prouesse avec War Horse : alléguant la puissante aura des grands classiques hollywoodiens, le cinéaste épouse le point de vue atypique mais bouleversant d'un simple cheval, vision naïve et décalée d'un animal faisant face sur un terrain boueux aux contradictions sauvages de l'Homme. Dans l'absence de paroles et la virtuosité des cadres, la combativité et les douleurs de la bête, véritables moteurs des pantins humains de ce conflit, contaminent littéralement la forme comme nos émotions. Sans verser dans la mièvrerie extrême, le film allie merveilleusement ses pointes radicales aux messages plus universels, comme le pouvoir de l'espoir ou les valeurs du deuil. Au sein de l'horreur, le cheval, parabole d'espérances désespérées et absurdes, accourt et se cabre dans un maelström de sourires et de larmes. Et c'est en voyant les épatantes dernières images, puissante invocation du cinéma de John Ford, que l'on réalise définitivement la puissance purement cinématographique de War Horse.