Hallowed by the name
Il paraît que les meilleures choses ont une fin. Et comme le dit la tagline de l'affiche française, celle-ci est soit-disant proche pour l'univers Conjuring, qui ne cesse de prospérer depuis déjà...
le 13 sept. 2025
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Après douze ans, dix films dont six spin-off, et avec une série actuellement en préparation, la branche principale de la saga Conjuring consacrée au couple Warren s'achève, et même si l'on sait pertinemment que bien d'autres spin-off sans saveurs continueront d'agrémenter le « Conjuring-verse » à l'avenir, il s'agit logiquement de la dernière apparition du duo Patrick Wilson et Vera Farmiga en tant que Ed et Lorraine Warren. Et autant le dire tout de suite, on aurait rêvé mieux, comme final pour ce couple désormais iconique du cinéma d'horreur moderne, qu'un autre film réalisé par Michael Chaves, déjà responsable des calamiteux La None 2 et The Curse of La Llorona (titré La Malédiction de la Dame Blanche en France dans l'irrespect le plus total de la culture hispanique dont la légende est issue) et du déjà moyen Conjuring 3.
On retrouve donc le couple Warren en 1986 (après un flashback introductif se situant en 1964 le jour de la naissance de leur fille), désormais à la retraite en raison de la santé fragile de Ed, se contentant de tenir des conférences au succès déclinant. Mais les deux chasseurs d'esprits vont devoir livrer bataille une dernière fois, aux côtés de leur fille désormais adulte, pour venir en aide à la famille Smurl, hantée par des revenants particulièrement virulents. Une affaire qu'ils pensent similaire à tant d'autres, avant de réaliser que la véritable menace est en fait liée à leur toute première affaire, et leur en veut personnellement.
Comme pour chacun des Conjuring (entendu les films principaux de la saga, donc), l'argument de vente premier est bien sur le désormais surfait « inspiré de faits réels », puisque l'affaire Smurl est l'une de leurs plus célèbres enquêtes, bien qu'une fois encore, seule la base de l'histoire a servi, l'essentiel du scénario n'étant que pure invention, jusqu'à la dimension « personnelle » de l'affaire. Pour peu qu'on soit simplement à la recherche d'émotions fortes et prêts à mettre de côté tout scepticisme le temps d'un film, l'annonce de cette ultime enquête comme étant celle qui « bouleversa leur famille et mit un terme à leur carrière » en raison d'un démon « pire que tout ce qu'ils ont affronté » fait son effet. Seulement, une telle promesse se doit d'être respectée au vu des attentes qu'elle crée. Et c'est loin d'être le cas.
Chacun sait que les Conjuring ne sont pas de ces films de fantômes ou d'exorcistes qui font dans la dentelle et la subtilité, au diable l'ambiguïté et le réalisme, place aux démons qui apparaissent à tout bout de champ, aux objets qui volent dans tous les sens, aux éléments qui se déchaînent, et à de véritables affrontements finaux qui font de cette saga le Marvel de l'horreur, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Si l'on était en droit de s'attendre, pour ce dernier opus, à un sommet de spectaculaire et d'angoisse, la déception est d'autant plus vertigineuse que ni l'horreur plus insidieuse et angoissante à base de longues montées de tension (souvent achevées en jumpscare), ni le spectacle ridicule de démons déchaînant leurs pouvoirs pour tout saccager autour d'eux, ne sont à la hauteur de ce que les précédents films ont proposé. Bien entendu, personne n'attendait de Chaves de maîtriser l''épouvante aussi bien que James Wan qui a réalisé les deux premiers opus avec talent, mais force est de constater l'étonnante timidité dont il a fait preuve ici, à tous les niveaux.
La première moitié du long-métrage narre la petite vie des Warren, la préparation du mariage de leur fille, et leurs réunions de famille, entre deux menues séquences horrifiques du point de vue des Smurl. Le problème n'étant pas de s'intéresser aux personnages, mais en l'occurrence de ne rien en raconter d'intéressant, au point que l'on finit par avoir l'impression de suivre deux films différents. Le rythme est un défaut majeur de ce Conjuring, qui tente de nous plonger dans l'intimité des Warren pour renforcer l'émotion de ces adieux que nous nous apprêtons à faire aux personnages, mais peine à aborder leur intériorité et se contente de banalités.
La plupart des ressors horrifiques sont très convenus, manquent d'originalité, et n'ont que peu d'impact. En dehors de quelques scènes au moins un peu efficaces, comme celle ou Judy se trouve entourée de miroirs, jouant avec nos attentes de la moindre anomalie présente dans les reflets, ou celle durant laquelle Heather cherche, dans l'enregistrement VHS de sa fête de confirmation, l'origine des événements surnaturels qui la tourmentent (laissant apparaître lentement un visage effrayant à côté d'elle), le reste réserve bien peu de frissons, et ne nous surprend jamais. La tension monte timidement d'un cran durant une scène de possession, mais impossible de nier qu'elle manque cruellement d'inspiration et de cruauté. L'on retiendra une scène aussi divertissante que risible incluant une Annabelle géante, qui ne manquera pas d'amuser, mais ne relèvera certainement pas le niveau, et confirmera la tendance du métrage aux effets spéciaux hideux.
Le climax, quant à lui, est à la hauteur du démon censé être l'ultime méchant de la saga. À mille lieux de l'aura de Valak, dépourvu de nom, de visage, de la moindre scène mémorable, seulement incarné dans le miroir maudit qui lui sert à hanter la famille. Ce même miroir qui va servir d'antagoniste durant l'affrontement final en se mettant littéralement à attaquer de lui-même les Warren avant d'être vaincu par le pouvoir de l'amour filial et un peu de Bible. Son prétendu lien avec les Warren n'apporte rien au récit, tout comme ce Conjuring Last Rites n'apporte rien à sa saga. L'opus précédent avait au moins eu la bonne idée d'intégrer le procès et d'inclure une menace d'un nouveau genre avec la sorcière Isla Kastner. Ce dernier tour de piste de nos démonologues favoris n'a ni audace ni inventivité, assurément l'épisode le plus faible de la saga dont on se serait finalement passé volontiers, tant sa médiocrité risque de nous hanter un moment.
(à exorciser d'urgence en regardant un bon film d'horreur, ça tombe bien c'est la saison)
Créée
le 14 oct. 2025
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